Préavis à Kabila : Kinshasa se prépare à une guerre sur tous les fronts

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Affrontements policiers et population en RDC
Affrontements policiers et population en RDC

Bruxelles, 19/09 - L'apocalypse tant redoutée en République démocratique du Congo aura bel et bien lieu. Le pouvoir de Kinshasa s'est, en effet, elle aussi mis dans une logique ouverte d'affrontement frontal depuis que l'opposition a mis en exécution sa procédure de préavis allant de ce 19 septembre jusqu'au 19 décembre 2016.

La psychose est bel et bien palpable et plusieurs signes visibles dans les rangs du pouvoir. Kinshasa ayant lui-même ouvert la boîte de Pandore, un gars bien malin, profitant de la manie de gens proches du pouvoir de diffuser des "vrais faux", a profité du terrain des réseaux sociaux où Kinshasa est le plus vulnérable en matière de communication, pour publier un communiqué attribué à Radio Okapi stipulant qu'"à partir du 21 septembre tous les systèmes de communication seront scrutés et les services Internet et SMS coupés, tandis que les appels seront limités jusqu'au 1er janvier 2017, soit quelques jours après l'expiration du préavis".

Bien que Radio Okapi ait rapidement réagi, en précisant que "ce faux message" contenant des fautes de français et circulant sur les réseaux sociaux depuis le week-end dernier ne vient pas d'elle, l'information a déjà fait des émules. La rumeur, dit-on, est inarrêtable une fois mis en branle.

Tom Perriello agressé à l’aéroport de N'Djili

Par ailleurs, Kinshasa s'est également résolu de faire la guerre à sa propre population. L'achat d'un important matériel anti-émeute et son déploiement, mercredi denier, à travers les artères de Kinshasa procèdent réellement de cette logique, malgré le démenti de ces officiers de police habitués à la langue de bois et qui ont tenté d'embellir cette opération destinée à terroriser les civils.

La communauté internationale, où l'unanimité se fait de plus en plus pour condamner les actes de violence gratuite ainsi que la limitation croissante des libertés, n'est pas non plus passée à la trappe. Deux lieutenants du président Kabila se sont illustrés dans cette besogne, le secrétaire général du PPRD Henri Mova et le porte parole de la Majorité André-Alain Atundu.

Par communiqué interposé pour l'un et par meeting du PPRD pour l'autre, les deux propagandistes ont notamment mis en garde les Etats-Unis, fin de la semaine dernière, contre toute « tentative d’ingérence », alors que Joseph Kabila cherche à se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution. Le communiqué de M. Atundu s'est particulièrement illustré pour dénoncer " l’activisme débordant " de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, Tom Perriello ».

Et comme si l'appel à la haine a été capté 5/5, l'avertissement connaîtra son épilogue quelques heures plus tard à l’aéroport de N'Djili. Alors qu’il patientait dans le salon officiel, Tom Perriello a été violemment pris à parti par Déo Engulu, un député du PPRD, accompagné du président de la Ligue des jeunes du parti de Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement, qui l'ont traité de tous les noms d'oiseaux avant de le poursuivre jusqu'au bas de la passerelle sur le tarmac au point de tenter de lui porter des coups de points. Sans la moindre intervention des agents de sécurité alors même que cette zone est étroitement protégée.

La Majorité continue son jeu d'enfants à la cour de recré

L'affrontement que livre la Majorité pour tenter d'équilibrer la donne dans l'épreuve de force que lui impose l'opposition reste multiforme. Il s'est poursuivi jusque dans la cour de récréation d'école primaire, où elle a repris son jeu de "A toi à moi" commencé lorsqu'Etienne Tshisekedi, président du Comité des sages du assemblement, est revenu à Kinshasa après deux ans de soins en Europe.

Ainsi, pour le camp du président Kabila, "Tu organises un meeting sur le Boulevard Triomphal, j'organise un meeting au stade du 20 mai. Tu organises une marche le 19 septembre, j'organise une marche le 25". Exactement comme les enfants du primaire et sans aucune honte pour un adulte de la trempe d'André-Alain Atundu qui signe le communiqué relatif à cette "grande marche le samedi 25 septembre" destinée selon la Majorité à "marquer son adhésion aux conclusions du Dialogue".

Sans convaincre d'ailleurs ceux qui savent lire entre les lignes, et qui savent que la majorité compte ainsi ne pas abandonner la rue à la seule Opposition, qui manifeste pacifiquement ce lundi 19 septembre pour réclamer la présidentielle dans le délai constitutionnel.

Jusqu'au 19 décembre et même au-delà, les Congolais et leurs dirigeants devront s'attendre à vivre des moments chauds, très chauds. A l'instar du feu allumé à Kasumbalesa, et qui continue à consumer d'autres villes comme Lubumbashi ou Kolwezi au Katanga, Tshimbulu au Kasai ou encore Goma au Nord-Kivu, en vue de réclamer le départ du président Kabila. Aucun devin n'est aujourd'hui capable de présager quand ni comment cette vague de violence, verbale et physique, s'arrêtera.

Scènes de violences en RDC - Le "vrai faux" communiqué de Radio Okapi
Scènes de violences en RDC - Le "vrai faux" communiqué de Radio Okapi
Scènes de violences en RDC - Le "vrai faux" communiqué de Radio Okapi

Scènes de violences en RDC - Le "vrai faux" communiqué de Radio Okapi

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