Des révélations explosives sur la fortune amassée par Kabila en 15 ans de pouvoir

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 15/12 - Alors que les discussions à Kinshasa sous l'égide de la CENCO devaient se clôturer hier jeudi, sans un once d'espoir quant à un compromis sur le sort de Joseph Kabila après la date du 19 décembre 2016 marquant la fin de son deuxième et dernier mandat, tant les positions restent tranchées, le groupe américain spécialisé dans l'information financière, Bloomberg, vient de dévoiler "le réseau d'entreprises" qui "a rapporté des centaines de millions de dollars à la famille " du président congolais.

Septante compagnies et 120 permis miniers pour les Kabila

Selon La Libre Belgique dans son édition de vendredi, "des milliers de documents", à en croire Bloomberg, montrent un "réseau" international de quelques "70 compagnies" construit par la famille de Joseph Kabila. "Sa femmes, ses (deux) enfants et huit de ses frères et soeurs contrôlent plus de 120 permis" miniers pour exploiter "or, diamants, cuivre, cobalt et autres minéraux". "A elles seules, deux des affaires de la famille possèdent des permis miniers en diamant pour des superficies s'étirant sur plus de 450 miles" (724 km, estime La Libre).

Le quotidien belge ajoute que la famille a aussi des parts dans "des banques, des fermes, des distributeurs de carburant, des opérateurs aériens, un constructeur des routes, des hôtels, un grossiste en pharmacie et des night-clubs. Et même une entreprise qui a essayé d'envoyer un rat dans l'espace" (sans rire).

Par ailleurs, signale La Libre Belgique citant toujours l'enquête, par la propriété directe d'entreprises et par la détention de parts dans des co-entreprises, les Kabila ont créé "un système tellement invasif que même un paiement aussi apparemment innocent que le loyer payé par l'ONU pour un bureau de police finit par trouver son chemin vers la famille".

Des dommages collatéraux pour la RDC

Bloomberg estime que "le manque de transparence dans certaines transactions de la famille a causé des dommages à l'économie du Congo", où tous les investissements sont effectués au rabais et rien n'est entrepris pour relever le niveau socio-économique des habitants, les tenants du régime concentrant toutes les activités et tous les efforts en vue de leur propre profit et celui de leurs familles.

"En 2012", rappelle Bloomberg, "le FMI a coupé son programme de prêt d'un demi-milliard de dollars au Congo après que le gouvernement a refusé de publier les contrats concernant un accord de 2011 sur une mine de cuivre appelée Comide. Une des compagnies impliquées, Goma Mining, appartient pour au moins 10 % à la famille et est présidée par Joséphine, soeur de Kabila".

L'enquête révèle également que les intérêts miniers de la famille sont particulièrement représentés par l'entreprise "Acacia, majoritairement possédée par Jaynet", connue comme soeur jumelle du président congolais; "Masengo, un de ses petits frères; Sifa, sa fille de 16 ans ; et son assistant financier Emmanuel Adrupiako".

Acacia possède notamment trois mines sur six, près de Luisha, appartenant officiellement à la Gécamines, "qui n'a jamais annoncé de partenariat avec la compagnie des Kabila". "Des soldats, sur le site, forcent les creuseurs à ne vendre leurs minéraux qu'à Acacia et au-dessous des prix du marché", signale l'enquête, citant un rapport financé par la Banque mondiale.

Une autre compagnie contrôlée par la famille, écrit Bloomberg, Kwango Mines, détient "96 permis miniers", la rivière Kwango, près de l'Angola, étant en pleine zone diamantifère. Un ancien employé au Congo de De Boers (sud-africaine) a expliqué à Bloomberg que les compagnies minières internationales "n'ont eu d'autre choix que de négocier avec les Kabila".

Ça coince à la CENCO sur l'avenir de Joseph Kabila

Pour les auteurs de l'enquête, menée pendant une année, cette manne amassée par la famille Kabila pendant 15 ans de pouvoir pourrait expliquer pourquoi Joseph Kabila ne veut pas quitter le pouvoir à la fin de son mandat légal et, ce, malgré les risques de troubles.

Ceci expliquant donc cela, à Kinshasa dans l'entre-temps, les participants au Dialogue cette fois-ci "inclusif", dont la clôture était prévue hier jeudi, n'arrivent toujours pas à un compromis au sujet de la matière centrale des débats, à savoir le sort du président Kabila après le 19 décembre 2016.

Pour l’opposition non signataire de l’accord du dialogue d'Edem Kodjo, « le statut du président de la République après le 19 ! C’est ça la vraie question ! Nous voudrions vraiment que ça aille vite, qu’on termine vite et qu’on n’arrive pas à ce qu’il y ait des problèmes de troubles dans le pays ».

Par contre pour la majorité présidentielle, à croire Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, après le 19 décembre, Joseph Kabila restera en fonction. « Nous allons avoir un accord même aujourd’hui (mercredi). Pourquoi attendre jeudi ? C’est loin ! S’il n’y a pas un accord nous constaterons qu’il n’y a pas un accord, mais il y a une Constitution, ça ne nous empêchera pas d’évoluer puisque ce n’est pas ici que nous écrivons la Constitution de la république ! Les violences… Posez la question à la police : si elle laissera faire la violence ! »

Tout reste possible le 19 décembre

Erreur. Jusque jeudi, il n'y avait pas de compromis entre les deux parties antagonistes, l'opposition estimant, elle, que "le 19, Kabila n'est plus président de la république". Les évêques, eux, de nature optimistes, espéraient toujours obtenir, jeudi, un accord sur au moins l'un des points de divergence. En vain.

Le blocage est tous azimuts. Même sur les mesures de décrispation, alors que l'opposition veut "des mesures immédiates", la Majorité estime qu'un groupe de travail doit s'y pencher et décider au cas par cas après 45 jours, soit fin janvier 2017, et les élections toujours en 2018. L'opposition semble plutôt favorable pour 2017. A cette allure, l'hécatombe annoncée le 19 décembre semble se préciser.

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