Carnet de voyage : 21 jours en RDC, souvent dans des conditions proches du siècle dernier

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 14/05 - Les vacances de Pâques ont coïncidé avec mon séjour,du 30 mars au 22 avril 2017 à Kinshasa et Matadi, où je devais rendre hommage à mon défunt papa, décédé dans cette ville portuaire du Kongo Central le 14 mars 2016, soit une année déjà. Comme je l'avais annoncé alors, j'avais été à son chevet quelques dix jours précédant sa disparition, avant de regagner Bruxelles alors qu'il se remettait de sa maladie. Mais le destin en avait décidé autrement.

N'ayant pu assister à ses obsèques, je me devais d'aller, en tant que fils, m'incliner devant sa tombe. C'est chose faite depuis le vendredi 14 avril, en compagnie de mon frère aîné, Sylvère Tsasa Lusala "Durango", de mon jeune frère Clément Mbula-Nlandu "Brando" et un des neveux, Merkens Tsasa (sur la photo devant la tombe), au cimetière de Boko, de l'autre côté du Pont Maréchal Mobutu.

Quatre jours sans électricité ni eau

Mon séjour de quatre jours à Matadi a été marqué par la foudre qui s'est abattue sur l'un des deux transformateurs de Mpozo qui alimente la ville en électricité, privant les habitants aussi bien d'eau et de courant pendant près d'une semaine. La photo en illustration montre des jeunes gens et jeunes filles à la recherche des rares habitations du côté de la Cité Kinkanda où on pouvait encore déceler des traces d'eau. Et encore, la récolte s'avérait souvent maigre, sinon inexistante, contraignant la population à se laver avec l'eau des rivières, en plein 21ème siècle.

La situation n'était pas plus luisante à Kinshasa où les habitants vivent résignés devant le système de "délestage" qui les prive d'électricité souvent toute une journée ou, par chance, la moitié de la journée. Aussi, ce qui est étonnant, c'est que les Kinois et les autres Congolais sont arrivés à être convaincus qu'être privés d'électricité relève d'une situation normale, alors que sous d'autres cieux, ils devaient être en droit de se révolter et même d'intenter un procès à l'Etat pour le préjudice subi.

Drôle de "révolution de la modernité" que celle qui est chantée par tous ces laudateurs de mauvais goût et tous les danseurs du ventre.

Journée ville morte : La Majorité présidentielle à l'imprimerie pour intox

Le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement avait programmé une "Journée Ville morte", le lundi 3 avril, le jour même de mon anniversaire, pour protester contre le blocage du dialogue politique depuis l'accord du 31 décembre.

Du haut du 1er étage de l'hôtel Formule Un, à Bandal-Kimbondo, où j'étais logé, j'ai pu me rendre compte de la parfaite réussite de cette action de l'opposition, également relayée par les médias étrangers qui ont annoncé que les trois principales villes du pays tournaient au ralenti. Je suis descendu pour identifier les rares véhicules en circulation : des bus Transco complètement vides mais contraints par le pouvoir de rouler, tant pis si il faut perdre en carburant, ainsi que quelques petites voitures communément appelées "Ketch", importées de Dubai, avec volant à droite.

Mais un travailleur de l'hôtel me prévient : "Faites attention si vous devez emprunter un taxi, parce que la plupart de ceux qui circulent sont conduits par des agents de sécurité commis à remplir les artères pour faire croire à l'échec de l'opération ville morte". Allégation difficile à vérifier. Mais, il me présente un tract, visiblement imprimé nuitamment par la Majorité présidentielle, annonçant en lingala, sans jamais convaincre, que "la journée ville morte est annulée", qu'"il faut attendre les instructions du parti (UDPS) pour honorer dignement la mémoire du président disparu" et que "chacun doit vaquer à ses occupations".

J'ai pris le soin de photographier ce vrai faux, fabriqué sans rire par le pouvoir, qui signe au bas du tract des noms de Marc Kabund, Bruno Tshibala (moins d'une semaine avant défection), Valentin Mubake et Peter Kazadi. De l'argent du contribuable bêtement gaspillé aussi bien à l'imprimerie (sûrement en millions d'exemplaires) qu'en carburant, avec "ces malades qui nous gouvernent" (Titre d'un ouvrage bien inspiré).

Les poubelles à tous les coins de rue

Kinshasa-la-belle est réellement devenue Kinshasa-la-poubelle, tant les immondices sont devenues les voisines les plus proches de la population dans cette ville jadis la fierté de l'Afrique. Même devant le bureau du gouverneur de la ville se dresse une rue envahie par la boue et bondée de détritus, qui ne préoccupent nullement Monsieur "Haut sommet", occupé sûrement à compter les juteuses recettes du Marché central et surtout de la "Taxe statistique d'embarquement dans les avions", nom barbare collé à la redevance de 5 dollars que chaque voyageur se rendant à l'étranger se doit.de s'acquitter en faveur de la ville. Elle est de 2 dollars pour les vols intérieurs.

En provinces, les villes sont de loin plus propres et le dépôt sauvage d'immondices n'est pas encore entré dans les moeurs comme chez les Kinois, à part deux dépôts clandestins que j'ai croisés sur la Nationale 1 de l'autre côté de Mpozo, près de Matadi (photo).

Il ne faut même pas évoquer le pouvoir d'achat, car nombre de mes amis, dont la plupart sont dans des cabinets et services connexes, m'ont informé qu'ils venaient de totaliser sept (7) mois de non-paiement des salaires. Et donc si ceux qui travaillent, même en haut lieu, ne peuvent pas manger à leur faim, à fortiori les millions de sans-emplois ... Vous ne rêvez pas encore.

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