Carnet de voyage : Vers un parti unique en RDC ?

Publié le par Cornelis Nlandu-Tsasa

 


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Carnet de voyage

 

La RDC : Vers un parti unique ou vers une nouvelle colonisation ?

 

Par notre envoyé spécial à Kinshasa, Cornelis Nlandu

 

Politique : Vers un parti unique ?

 

La RDC compte au bas mot plus de 200 partis politiques. Mais les élections de 2006, où certains gueulards comme Olenghankoy ont fait piètre figure, a fini par décanter la situation. Aujourd’hui lorsque vous séjournez à Kinshasa, vous n’assistez à aucune activité d’une formation politique, à part le PPRD de Joseph Kabila ou le PALU d’Antoine Gizenga, au pouvoir. Comme quoi dans ce pays, celui qui excelle à piocher dans le trésor public finit par créer l’unanimité.

On aperçoit bien le siège du MLC de Jean-Pierre Bemba lorsqu’on roule en face du Stade des Martyrs à Kasa-Vubu, ou celui de l’ABAKO de François Kimasi le long du Boulevard Lumumba à Masina. Mais le cœur n’y estvraiment plus.  
 SDC11048Un Congolais (acteur de théâtre populaire) dans un accoutrement à la gloire des Cinq chantiers

Aucune activité n’est organisée par les partis d‘opposition, alors qu’en face, on voit partout des gens arborer sans se gêner des tee-shirts à la gloire du PPRD ou du PALU ou des shows médiatiques à répétition à la télévision, à la gloire de ces deux partis. Où va-t-on donc ? Les « parlementaires debout » de l‘UDPS ont déserté Limete, alors qu’un curieux groupe est apparu à la Gombe en face du Memling. Ce sont les parlementaires debout du PALU. Une indication de la marche vers un Parti-Etat
 

Les nouveaux riches

 

Les observateurs avisés avaient annoncé qu‘il s’est créé un « fossé infranchissable » entre les tenants du pouvoir, affichant une insolente richesse, face à une population clochardisée à souhait. Entre les deux, la classe moyenne avait depuis longtemps disparu. Mais aujourd’hui, il se remarque un phénomène nouveau : l’apparition de nouveaux riches. La classe moyenne est bien en train de se reconstituer en RDC.

Scènes de vie à Kinshasa

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En effet, la ville de Kinshasa semble en pleine métamorphose, des œuvres de cette nouvelle classe moyenne. Principalement, il s’agit des membres de la diaspora, aujourd’hui très actifs dans la création d’emplois. A cet effet, on voit apparaître de nouvelles formes d’entreprises, allant du gardiennage, de la construction, de l’informatique, de la communication et du transport à l’hôtellerie et autres.

Les résidants locaux ne restent pas non plus à la traîne. Les exploitants du diamant, les politiciens et autres hommes d’affaires ont également emboîté le pas en s’alignant sur les initiatives venues d’outre-mer. C’est tout bénéfice pour un développement endogène du pays. Ainsi, les naïfs qui croyaient que le développement de ce pays passe par l’aide occidentale doivent se mordre les doigts.

 

Une nouvelle forme de colonisation ?

 

L’aéroport de N’Djili n’est plus celui qu’on a connu. Les tracasseries ont sensiblement baissé, même si par-ci par-là, les préposés de certains services cherchent toujours à vivre sur le dos du voyageur. L’ordre y règne tout de même, en tout cas un ordre relatif.

Lorsque je sors des formalités, je vais attendre mes bagages. C’est là que le désordre est de plus phénoménal. On est littéralement envahi par une meute de bagagistes, presque tous parlant swahili : il s’agit de nouveaux habitants venus de l’est à la faveur de l’AFDL et du brassage issu des rébellions.

Un gars vient se scotcher à moi. « Monsieur, je vais vous aider à récupérer vos bagages, mais aussi à les sortir de l’aéroport pour éviter d’être embêté par les fouilles du service des douanes », me conseille-t-il. Ensuite, un ami à lui se joint à nous. Il l’appelle « mon capitaine ». C’est ce qui me met la puce à l’oreille.

« Vous êtes militaire ? ». « Oui », répond mon bon samaritain. Et d’ajouter : « Vous voyez, vieux, avec ma solde, je ne peux nourrir ma famille. Alors, je viens ici arrondir mes fins de mois. Tous les autres bagagistes que vous voyez sont des soldats comme moi  ».

L’omniprésence de nouveaux habitants parlant swahili se remarque aussi dans la plupart d’entreprises que vous visitez. Un hasard ? En tout cas face au phénomène, un ami kinois m’a confié : « Les hommes ne tirent finalement aucune leçon de l’Histoire. Après les Ngbandi, voici à présent les Swahilis. En vérité, nous sommes colonisés ». Sans commentaire.

 

Insolite. Trois gouverneurs avec le même nom, ou presque

 

Lors de notre séjour à Kinshasa en décembre 2009, nous avons rendu visite à M. Kimbembe Mazunga, à qui nous avons offert notre dernier ouvrage, Les cadres congolais de la 3ème république, co-écrit avec Roger Mazanza et paru en avril dernier aux Editions L’Harmattan.

SDC11070Le Conseiller principal du président congolais au Collège chargé des Infrastructures a alors ouvert la page le concernant, avant de nous faire remarquer ceci : les trois gouverneurs successifs de la Ville de Kinshasa se suivent par ordre alphabétique dans le répertoire biographique : Kimbembe Mazunga, Kimbunda Madikila et Kimbuta Yango. Les noms des trois maires commencent par « KIMB ». En plus, le Conseiller principal Kimbembe ajoute. « Nos épouses ont aussi toutes les trois le même prénom : Yvette ». Simple coïncidence ou véritable prédestination ?

 

Emeute sur le vol d’Ethiopian

 

Nous avons embarqué à Paris le samedi 5 décembre, à bord d’un régulier d’Ethiopian Airlines. Le décollage était prévu à 22h45. A 23h15, rien de rien. C’est là qu’une voix sort d’un haut-parleur pour dire : Chers passagers d’Ethiopian, le vol connaît un retard. Veuillez nous en excuser ». Puis quelques minutes plus tard : « L’avion est annoncé avec un retard de 30 minutes ». En réalité, l’appareil n’était même pas encore à Paris. Il a fallu attendre jusque 23h50 pour embarquer. Cela s’annonçait mal.

SDC10964-copie-1.JPG Début d'émeutre sur Ethiopian

Arrivés à Addis-Abeba le lendemain, on nous fait poiroter pendant deux bonnes heures, sans dire quoi que ce soit. Nous arrivons finalement à Brazzaville à 15h10. Et c’est là que la goutte d’eau va déborder du vase. En effet, une attente d’une heure, puis une heure trente, puis de deux heures. On voyait déjà Kinshasa en face, mais ... il fallait attendre une autorité du Congo-Brazza qui devait prendre place à bord. Cela n'existe qu'en Afrique. Les Kinois ne l'ont finalement pas entendu de cette oreille, car trop, c'était trop. Un début d'émeute a alors eu lieu dans l'avion. Les Kinois se sont levés (voir photo) et on carrément tenté d'envahir le cockpit. L'autorité congolaise a dû se dépêcher. On a alors pu quitter l'aéroport de Maya-Maya pour N'Djili et Kinshasa. Ouf.
A part le prix, s'il fallait le refaire, pour rien au monde je me risquerai encore d'emprunter une telle compagnie, après ces cinq heures de retard.  

 

Electrocutions dans les quartiers populaires

  

Il est dangereux de circuler à pied dans la capitale congolaise de jour comme de nuit, surtout lorsqu’il a plu. Partout, les fils électriques de la SNEL narguent les piétons. Des morts se comptent chaque semaine par dizaines dans les quartiers populaires, comme dernièrement une dame d’un certain âge tombée dans une mare d’eau dans la Commune de Lingwala. Elle a été électrocutée sur le coup. Les images de cette mort atroce ont fait la une de plusieurs chaînes de télévision de Kinshasa, sans curieusement provoquer la moindre réaction de la part des tenants du pouvoir.

Une capitale où la vente de groupes électrogènes et des bougies est certainement la plus élevée du monde et où les responsables semblent ignorer que le niveau de consommation d’électricité va de paire avec le degré de développement d’un pays. Triste réalité pour une contrée qui dispose d’une énorme potentialité en hydroélectricité et qui s’entête à vouloir investir dans les énergies parallèles. Est-ce par ignorance ?

 

Le bourgmestre est un géant de plus de 2 mètres

avec bourg2 Le couple Nlandu, entourant le malabar

Au cours de mon séjour, j’ai aussi contracté mon mariage civil, dans la Commune de Mont-Ngafula le jeudi 24 décembre 2009. Vingt-cinq couples se mariaient ce jour-là. La salle communale était devenue trop exiguë. Il a fallu délocaliser la manifestation dans une école catholique située à quelques 100 mètres. Autre détail : le bourgmestre de la Commune, M. Olivier Saya Madjia : un malabar de la taille d’un basketteur de la NBA, du haut de ses 2 mètres. Mais un gentil et très brillant jeune homme.

Coïncidences : Le bourgmestre a vécu à Lubumbashi au Katanga, au Quartier Golf. De deux : Le Dr Hélène Kwamba, mon épouse, y a aussi passé sa jeunesse et y a fait son Ecole primaire, au Lycée Tuendelee avec ma nièce Nelly Mavungu. Elle est encore retournée dans la capitale du cuivre où elle est Médecin provincial responsable de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH-SIDA au Programme PNMLS de la Banque Mondiale. 

De trois : Le marié que je suis a passé cinq années dans la même ville, où il a étudié à l’Université dite de la Kassapa, dans la même promotion que l‘ancien ministre Tchikez Diemu et l‘ancien Président du Conseil d‘administration de la SNCC, Mathieu Kabika Nsenda. A côté, il a aussi chanté dans l’Orchestre Bana Motindo du Campus. En ce moment-là, le Campus comptait trois ensembles : Les Kassapards avec Kester Emeneya, l’Orchestre Pamba Pamba avec JP Buse, Petit Poisson Avedila, Gérard Nzali et autres, ainsi que les Bana Motindo avec Cornelis Nlandu, Fély Pinzi et Jean Makalebo au chant ou Alou Lina et Djo Kitaki à la guitare.

Toutes les photos sont de www.lesignalducontinent.over-blog.com et libres de droit en citant la source

 

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