Lambert Mende, sonné par la démission de Katumbi, verse dans un amalgame suranné

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Kabila-Katumbi : "Je t'aime, moi non plus"
Kabila-Katumbi : "Je t'aime, moi non plus"

Kinshasa, 30/09 – Le ministre de la Communication et Médias, Lambert Mende Omalanga, a déclaré mercredi sur le compte Twitter du ministère que la démission de Moïse Katumbi du Parti pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) n’a rien d’étonnant. Comprenez qu'elle était prévisible, « dans la mesure où il avait multiplié ces derniers mois des déclarations hostiles et calomnieuses à l’encontre du président Joseph Kabila et de la Majorité qui l’avait porté à la tête du Katanga en 2006 », a affirmé le ministre Mende, membre du bureau politique de la Majorité présidentielle (MP) et porte-parole du gouvernement.
Comme il fallait s'y attendre, le ministre Mende, qui privilégie la propagande, ne donne aucune indication sur le genre de calomnie portée par l'homme fort du Katanga ni sur les propos qu'il juge hostiles, Moïse Katumbi étant plutôt connu comme un homme de paix, bien que très porté sur la défense de "son" Katanga natal.
Lambert Mende enfonce le clou en ajoutant : « Ses accusations au sujet d’une prétendue volonté du pouvoir de violer la constitution relèvent d’une affabulation motivée par le souci de complaire à des milieux impérialistes qui n’acceptent pas la diversification des partenariats extérieurs pour le développement de la RDC entreprise par Joseph Kabila ».
Selon Lambert Mende, qui déplace volontairement un problème purement politique vers les contrats chinois qui feraient des jaloux en Occident, « certains partenaires traditionnels du pays, nostalgiques d’un Congo toujours soumis à leur bon vouloir, ont suscité la dissidence du groupe dit G7 auquel Katumbi est intimement lié et dont les membres ne reculent devant aucune félonie pour empêcher le régime de Kabila de réussir le pari de l’émergence ». Les enfants répondraient "n'importe quoi", car il est connu que la divergence entre les membres de la majorité qui a conduit au G7 n'est que purement politique et d’honnêteté intellectuelle face à un texte passé au référendum et imposable à tous. Le problème n'est d'ailleurs pas seulement congolais mais concerne la démocratie à travers tout le continent africain.

Un front katangais anti-Kabila ?

On se souvient également que lors de sa première sortie après le départ du G7, Lambert Mende visiblement en manque d'inspiration déclarait : "le président de la république est le seul garant de la Constitution". Argument battu en brèche juste à côté par Blaise Compaore du Burkina Faso, Pierre Nkurunziza du Burundi tout comme Denis Sassou Ngouesso, également "seuls garants de leurs constitutions respectives", mais qui ne se sont pourtant pas empêchés de se comporter comme des véritables voyous et des délinquants primaires en crachant sur leurs propres textes pour des visées dictatoriales et simplement égoïstes. Mêler économie et impérialisme dans ce débat, tel que le fait systématiquement Lambert Mende, ne relève que de la malhonnêteté et du mensonge pour des besoins de propagande.
Moïse Katumbi Chapwe, ancien gouverneur du Katanga démembré en quatre nouvelles provinces, avait annoncé mardi qu’il démissionnait du parti présidentiel. Mais en réalité, même si le ministre Mende se confond dans des contorsions intellectuelles de façon à tenter de minimiser l'événement, tout le monde sait que les gens sont littéralement sonnés dans cette plate-forme, surtout que le départ de l'homme fort du Katanga intervient au lendemain de la dissidence de Gabriel Kyungu wa Kumwanza et du groupe de partis politiques dits du « G7 ».
Deux poids lourds du Katanga qui font défection, ajoutés à Mwando Nsimba mais aussi à Me Jean-Claude Muyambo, copieusement battu lors des manifestations de janvier dernier contre la révision de la Constitution et toujours hospitalisé à Kinshasa, la coupe est pleine jusqu'à ras bord pour affirmer sans risque de se tromper que cette importante province est définitivement perdue pour le camp présidentiel. Ce qui constitue un coup d'assommoir à l'orée des élections générales. Le ministre honoraire de l’Intérieur et membre du bureau politique de la Majorité présidentielle, Richard Muyej Mangez Mans, arrivé à Lubumbashi mardi, a comparé ces départs et les réactions qui s'en suivent à "un divorce de deux partenaires qui ont passé des moments de complicité, de confiance et qui ne soignent pas leur manière de se séparer, en versant dans l’humiliation de l’un par l’autre".
Avec l'ACP

Les Katangais Kyungu, Katumbu et Muyambo, armés contre la révision de la Constitution

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