CENI : Quel successeur pour l’abbé Malu-Malu ?

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

CENI : Quel successeur pour l’abbé Malu-Malu ?

Bruxelles, 15/10 – Quel successeur en effet pour l’abbé Apollinaire Malu-Malu ? La question est sur toutes les lèvres à Kinshasa, où chacun va de son appréciation pour dénicher l’oiseau rare à même de succéder au président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), après sa démission samedi, officiellement pour " raisons de santé ".

Mais l'on savait que l’abbé Malu-Malu, issu de la Société civile, était indisponible depuis février 2015, soigné en Afrique du Sud jusqu'en avril dernier, avant d’opter pour les Etats-Unis et ce, malgré tout le tralala fait autour de l’Hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa, présenté comme étant l'hôpital le mieux équipé d'Afrique centrale à son inauguration le 22 mars 2014 et devant mettre fin à l'hémorragie financière des soins médicaux des officiels à l'étranger.

Si l’indisponibilité du prêtre catholique avait cette fâcheuse conséquence de laisser la part belle pendant trop longtemps à la Majorité présidentielle, d'où provient l’intérimaire, à savoir le 1er vice-président, alors que l’institution était censée demeurer neutre, sa démission survient au plus mauvais moment. Alors même que Kinshasa vit dans un climat politique délétère, avec tous les ingrédients constitutifs d’un cocktail détonnant. En effet, l’on sait que la tension n’est pas près de retomber après la grogne du G7, exclu de la majorité présidentielle, directement suivie de la défection du bouillant ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, et tout le lynchage médiatique orchestré par Kinshasa pour tenter de diaboliser ceux qui appellent au « respect absolu de la Constitution ».

Une succession compliquée par un climat politique

La tension est montée d’un cran avec l’annonce du G7 de se positionner en nouveau groupe d'opposition et de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2016, soupçonnant au passage le gouvernement de tout mettre en œuvre pour empêcher la CENI de publier le « nouveau calendrier électoral », déjà disponible selon les sept partis frondeurs. « La CENI doit dont s'assumer en toute indépendance pour rendre public (ce calendrier) toutes affaires cessantes » martèlent les leaders du G7.

Aussi, la démission de l'abbé président ne peut qu’exacerber la crise de confiance qui couve à Kinshasa. Le président congolais qui l'a acceptée a demandé au prêtre démissionnaire de se charger de trouver son successeur. Mais est-ce une tâche aisée dans cette atmosphère proche de l’explosion ?

L’on sait qu’après les élections de 2006, l’Abbé Malu-Malu qui dirigeait déjà la centrale électorale en avait pris pour son grade, vilipendé de partout comme une marionnette du pouvoir. Ce qui a sûrement poussé sa hiérarchie religieuse de lui interdire, en vain, de postuler un nouveau mandat en juin 2013.

Son successeur, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, de 2011 à 2013, ne connaîtra pas un sort meilleur, après avoir parfois accordé au président Joseph Kabila des résultats électoraux défiant toute logique mathématique, tel ce décompte de 108 % dans le district de Malemba-Nkulu, au Katanga.

Le successeur, on le sait, doit être consensuel et issu de la Société civile. Et comme les catholiques ont juré qu’on ne leur fera pas le coup une deuxième fois, d’aucuns lorgnent du côté de Mgr Marini Bodho. Mais l’évêque protestant affiche le défaut d’entretenir des accointances fort marquées avec le pouvoir, surtout après s’être récemment prononcé en faveur d'une révision constitutionnelle. Faut-il dès lors voir aussi du côté de l'Armée du salut, des musulmans, des églises indépendantes et orthodoxes ainsi que de la pléiade des églises de réveil, associées aux négociations en cour à cet effet à Kinshasa ? L’équation demeure en tout cas délicate, et seuls les devins peuvent aider à la résoudre.

L'abbé Malu-Malu à gauche, le pasteur Ngoy Mulunda à droiteL'abbé Malu-Malu à gauche, le pasteur Ngoy Mulunda à droite

L'abbé Malu-Malu à gauche, le pasteur Ngoy Mulunda à droite

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