L’option levée par le président Kabila au sujet du dialogue national bientôt dévoilée

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Le président Kabila en consultations avec les confessions religieuses
Le président Kabila en consultations avec les confessions religieuses

Kinshasa, Bruxelles, 26/11 - Le président Joseph Kabila Kabange fixera incessamment l’opinion sur l’option qu’il a levée à propos du dialogue inclusif, a annoncé mardi le ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, à l’issue de la cinquième réunion extraordinaire du conseil des ministres qu’il a présidée à la Cité de l’Union africaine.

Le seul point à l’ordre du jour de cette réunion était la communication du président de la République sur le dialogue politique inclusif qu’il s’apprête à organiser, a précisé le ministre Mende, qui a ajouté que le chef de l’Etat tenait à consulter le conseil des ministres à ce propos, de la même façon qu’il le fait avec diverses autres institutions et composantes de la communauté nationale depuis le mois de juin dernier.

A cette occasion, les difficultés nées du processus électoral et les défis à relever à ce sujet, de même que quelques contradictions apparues principalement au sein de la classe politique ont été passées en revues.

« Le président de la République a annoncé au conseil des ministres qu’après avoir consulté tout le monde, il fixera incessamment l’opinion sur l’option qu’il a levée à cet effet », a renchéri le ministre de la Communication et médias.

Enfin, le chef de l’Etat a invité les membres du gouvernement, « aussitôt l’option levée, à s’impliquer individuellement et collectivement dans sa mise en œuvre, en ayant à l’esprit la nécessité de garantir la paix, la stabilité et la poursuite harmonieuse et apaisée du cycle électoral ».

Le respect du délai constitutionnel compromis ?

A la lecture de ce discours, on remarque que le ministre Mende, ou plutôt le président Joseph Kabila, n’a rien dit du tout. Aussi, il sied à ceux qui savent lire entre les lignes de tenter de décortiquer le message, car message il y a.

En effet, si l’on peut recouper les informations, il faut comprendre que le dialogue national aura bel et bien lieu. Un forcing qui n’est pourtant pas du goût du collectif de l’opposition qui a fait savoir haut et fort, notamment lors de son rassemblement à Sainte-Thérèse, à N’Djili, que ce forum était sans objet et qu’il était conçu plutôt imaginé pour favoriser et officialiser « le glissement », alors que l'UDPS attend cette réunion avec avidité.

Est-ce la raison pour laquelle Kinshasa a usé de toutes les subterfuges pour disperser ce rassemblement, allant selon plusieurs sources jusqu’à soudoyer catcheurs et boxeurs avec gourdins et autres armes blanches pour réaliser la sale besogne ?

Une autre implication est que le cycle électoral sera bel et bien compromis, au moins en ce qui concerne le « respect du délai constitutionnel » cher au G7, une préoccupation qui a conduit à l’éviction de la plate-forme présidentielle des sept partis qui le composent. Faut-il dès lors croire que la Majorité présidentielle ira jusqu’à solliciter, pardon imposer la modification de la Constitution ? Un pas que certains observateurs ont déjà franchi.

La Libre Belgique, dans sa livraison du jeudi 19 novembre 2015 sous le titre « RDC: Vers l’abandon de la Constitution ? », se pose la question de savoir si « les embardées successives du gouvernement congolais hors de la route tracée par la Constitution de 2006 vont se poursuivre », expliquant que c’est ce que l’on craint à Kinshasa où, certaines sources ont révélé que le président Kabila a l’intention de nommer des sénateurs nationaux - qui doivent normalement être élus par les députés provinciaux - et d’envisager d’en faire autant avec les députés provinciaux, comme il l’a fait avec les Commissaires spéciaux et leurs adjoints, désignés à la place des élections des gouverneurs.

Des sanctions en vue

Londres a également fait part de sa crainte à ce sujet, brandissant des mesures de rétorsion à l’égard de Kinshasa au cas où la Constitution n’était pas respectée. Le quotidien belge fait état, à ce sujet, de la déclaration faite le mardi 17 novembre à Kinshasa par l’envoyée spéciale du Royaume-Uni pour les Grands lacs, Danae Dholakia, selon laquelle Londres était prêt à revoir sa coopération avec le Congo si l’élection présidentielle n’avait pas lieu conformément à la Constitution.

« Il nous faudra prendre en compte toutes les options si nous commençons à voir une détérioration de la situation liée à un report des élections ou à une modification de la Constitution », a-t-elle déclaré selon La Libre Belgique qui précise qu’avec 1,43 million d’euros/jour, Londres est le deuxième pourvoyeur bilatéral du Congo après la Belgique.

En vue de contourner la difficulté, Kinshasa osera-t-il copier la voyoucratie observée ailleurs en Afrique, notamment à Brazzaville où la famille politique du président Denis Sassou Ngouesso a carrément décidé de cracher sur la Constitution ? On n’est plus loin d’y croire, malgré toutes les conséquences sécuritaires que ce comportement délinquant a engendrées partout où il a eu lieu.

A gauche, une manifestation à Bruxelles contre le dialogue - A droite, les opposants à KinshasaA gauche, une manifestation à Bruxelles contre le dialogue - A droite, les opposants à Kinshasa

A gauche, une manifestation à Bruxelles contre le dialogue - A droite, les opposants à Kinshasa

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