RDC : Moïse Katumbi inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat », précise le parquet

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

M. Moïse Katumbi devant ses juges
M. Moïse Katumbi devant ses juges

Bruxelles, 19/05 - Le verdict était tombé hier mercredi au Parquet général de la République de Lubumbasi inculpant l'ancien gouverneur du Katanga et président du TP Mazembe, Moïse Katumbi, pour « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat » du fait de «recrutement de mercenaires». Aux termes du communiqué publié jeudi 19 mai par cette instance judiciaire, l’ex "numéro un" du Katanga est également "placé sous mandat d’arrêt provisoire".

La semaine dernière, Moïse Katumbi avait été auditionné au Parquet de Lubumbashi à deux reprises dans le cadre de cette affaire. Ces auditions ont été interrompues vendredi 13 mai après que M. Katumbi a demandé et obtenu du parquet de se rendre à l’hôpital après des brutalités policières démesurées subies le même jour.

Selon Radio Okapi reçue jeudi, le procureur général de la République fait savoir que Moïse Katumbi peut continuer de se faire soigner en RDC ou à l’étranger, alors que le ministre Lambert Mende, toujours prompt à l'ingérence et à l'incongruité, avait déclaré qu'"il n'est plus libre de ses mouvements".

Néanmoins, cette position du procureur général de la République, après tout l'acharnement sur un homme, est tout de même curieuse et interpelle sur les véritables intentions de Kinshasa à harceler Moïse Katumbi depuis qu'il a tourné le dos au camp présidentiel et qu'il a pris du galon sur l'échelle de l'élection présidentielle prévue normalement fin 2016. Pour le Parquet, l’instruction pré-juridictionnelle va se poursuivre avec les interrogatoires d’autres suspects qui seront confrontés à Moïse Katumbi dès qu’il sera rétabli.

C’est le 4 mai dernier que le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, de nature pourtant discret, avait annoncé avoir "donné injonction" au Procureur général d’engager des poursuites à l’encontre de l’ancien gouverneur du Katanga pour "recrutement des mercenaires, organisation des réseaux maffieux et d’une entreprise criminelle", rappelle Radio Okapi.

Une histoire inventée de toutes pièces et une espèce de fiction, selon Mgr Muteba

Tous les éléments recueillis démontraient pourtant que cette affaire avait été inventée de bout en bout. Les observateurs commençaient même à se poser la question de savoir quelle mouche avait piqué le garde des Sceaux congolais pour monter pareille mascarade.

Le témoignage d'une notoriété du terrain, à savoir l'évêque de Kilwa-Kasenga, Mgr Fulgence Muteba Mugalu, est à cet effet éloquent : « Les accusations concernant la présence de mercenaires dans mon diocèse constituent une affirmation grossière », avait alors déclaré Mgr Muteba Mugalu dans le cadre d’un entretien télévisé.

« A ma connaissance, il n’y a pas d’étrangers à Pweto, ni à Kasenga, ni à Kilwa et non plus à Kashobwe. Les seuls étrangers que je vois, ce sont des exploitants forestiers qui ravagent notre forêt. Je n’ai jamais hébergé des étrangers, ni de Rambo, ni de Ninja et de rangers sud-africains » affirme par ailleurs l’évêque de Kilwa-Kasenga qui conclut : « C’est une histoire inventée de toutes pièces et une espèce de fiction ». Surtout qu'il s'agit, selon l'accusation, de 658 sujets américains pourtant invisibles des radars.

Pour leur part, les avocats de Moïse Katumbi avaient demandé à l’avocat général de la République, au cours de la deuxième audition de leur client le mercredi 11 mai, d’organiser une confrontation entre l’ancien gouverneur et les personnes arrêtées à Lubumbashi dans le cadre de cette affaire.

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L'évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga

L'évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga

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