Le criminel Gédéon en liberté : Silence radio des officiels congolais

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Le criminel accueilli avec pompes

Le repris de justice circulant avec des testicules de victimes au cou

Bruxelles, 12/10 - Le monde vient d'être sidéré par la libération du plus grand criminel du Katanga, Gédéon Kyungu Mutanga, un repris de justice et chef de "Bakata Katanga", une milice basée dans cette province et coupable de crimes de divers ordres. Tous les hommes sensés se sont retournés devant l’accueil chaleureux et les honneurs rendus à ce criminel connu de la Justice congolaise par les autorités de la République démocratique du Congo lors de son arrivée à Lubumbashi.

Pour ceux qui ne connaissent pas bien ce chef de guerre, Gédéon est ce Katangais qui se promène avec un collier de gris-gris autour du coup, dont des testicules de victimes, qui le rendrait invincible. Du coup, lors de ses multiples incursions sanglantes à Lubumbashi, à la simple annonce de son approche, les camps militaires se vidaient de tous leurs occupants, qui détallaient sans demander leur reste pour se réfugier soit dans la forêt soit auprès de la population civile, le temps de le laisser continuer son chemin.

Pour mémoire, Gédéon a été jugé en 2009 pour des actes d’assassinats, des meurtres, incendies et pillages des villages et champs, viols massifs des femmes et filles mineures, esclavages sexuels, cannibalisme et recrutement des enfants soldats.  

La chambre foraine de la Kasapa l'avait condamné à la peine de mort  pour crime de guerre, crime contre l’humanité, mouvement insurrectionnels, terrorisme et homicide commis dans le "triangle de la mort" situé entre les territoires de Mitwaba et Pweto dans le district du Haut Katanga, à Manono dans le Tanganyika et à Malemba-Nkulu dans le haut Lomami. Soit des crimes imprescriptibles, qui laissent pantois tous ceux qui ont encore la capacité de raisonnement en RDC face aux honneurs dont il a été l'objet de la part des autorités.

Pire, au passif du criminel, en septembre 2011, incarcéré à la prison de la Kassapa pour y purger sa peine, Monsieur Gédéon s’en était évadé grâce à l’aide d’un commando venu l'exfiltrer pour le conduire dans le Nord Katanga où il a continué à semer la terreur en toute impunité. Curieux tout de même pour un pays passé maître dans les accusations et les procès expéditifs.

Désapprobation générale mais motus et bouche cousue pour Kinshasa

Ce qui étonne encore outre-mesure, c'est que pour une fois que le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, champion dans l'explication de la politique congolaise, a là de la matière solide pour encore monopoliser les médias, pas un mot au sujet de la liberté du plus grand criminel que le Katanga ait connu, qu'on voit se pavaner librement et sous escorte officielle, flanqué d'une casquette à l'effigie du Raïs Joseph Kabila. Qu'est-ce qu'il convient d'en déduire ?

Alors même que pendant ce temps, des personnes à qui l'on ne reproche même pas le 10ème des crimes croupissent en prisons, trimballés entre le Parquet général de la république, la police nationale et la prison de Makala, pour l'unique crime qu'ils sont opposants. Preuve que dans ce pays la justice est commandée par la même personne qu celle qui commande la politique, malgré le slogan de Kinshasa qui ergote à longueur de journée sur l'indépendance du judiciaire.

Pour sa part, l'Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), dans un communiqué de presse, vendredi, a invite ni plus ni moins le Procureur général de la République à arrêter Monsieur Gédéon Kyungu Mutanga, bien connu selon elle pour  "la terreur, l’horreur et les crimes internationaux commis dans le nord de la province du Katanga de 2002 à 2006".

Apparu en ami de Kabila avec tee-shirt flanqué de "wumela"

Contre toute attente et au moment où tout  le monde attendait que ce repris de jusice soit arrêté, mis en prison et jugé pour évasion et les autres crimes graves commis après son évasion, l'ASADHO note qu'il est plutôt "accueilli avec honneur et est placé sous la protection des institutions publiques. Durant l’accueil lui réservé, sieur Gédéon est apparu avec tee shirt portant l’image du  président KABILA avec le message « shikata » qui signifie, en langue locale le kilubakat, « demeure » ou encore « wumela » comme disent le reste des Congolais.    

L’ASADHO considère que le traitement de faveur dont Monsieur Gédéon Kyungu est bénéficiaire contraire aux engagements pris par le gouvernement congolais de lutter contre l’impunité. Il constitue -  à n’en point douter - une insulte à la mémoire de plusieurs victimes et leurs proches qui réclament une justice juste et équitable.   

De leur côté, d'autres organisations de défense des droits de l'Homme, telles l'ONGDH et la FIDH pour l’Afrique avaient déjà réagi à la « reddition en grande pompe » de Gédéon, le secrétaire général de la dernière, Nsapu, estimant que le retour de Gédéon s’inscrit dans la stratégie de Joseph Kabila de s’accrocher au pouvoir au-delà de son mandat. « Joseph Kabila se trouve dans un schéma suicidaire pour garder à tout prix le pouvoir. Le président n’a plus de fief au Katanga. Gédéon est revenu pour créer le chaos… en cas de besoin. Il peut relancer les velléités sécessionnistes. C’est un vrai danger ».

Pour Paul Nsapu, « la place du milicien serait plutôt devant la Cour pénale internationale (CPI) et non dans un des plus beaux appartements de Lubumbashi, logé aux frais de l’Etat, ajoutant qu'après avoir accueilli les rebelles sud-soudanais de Riek Machar, Joseph Kabila s’empresse de donner des gages au criminel Gédéon »

 

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