Le cardinal Monsengwo en colère face à la profanation des églises : Il fustige le nombrilisme des politiciens congolais

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 20/02 - Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, a délivré un message, dimanche, après l’incendie d’une partie du Grand Séminaire de Malole, à Kananga, et la profanation de l'église Saint Dominique de Limete par une vingtaine de jeunes gens, dans la capitale congolaise.

Pour l'archevêque de Kinshasa, ces événements laissent croire que  l’Eglise catholique est visée, de manière intentionnelle, pour torpiller sa mission de paix et de réconciliation. "La Cenco ne joue qu'un rôle de médiateur. Il appartient aux hommes politiques de reconnaître avec humilité, devant la nation et la communauté internationale, leur velléité politique et la turpitude de leurs choix nombrilistes qui conduisent à l'impasse ou au blocage des institutions. Ils en assumeront la responsabilité devant l'histoire", prévient le cardinal congolais.

Il invite, par ailleurs, les uns et les autres à faire preuve de "sagesse, de retenue, d’esprit démocratique pour résoudre la question relative à la désignation du Premier ministre et aux autres questions connexes, en vue de décanter la crise qui ne fait que durer et risque de mettre en péril la tenue des élections prévues à la fin de cette année selon les accords de la Saint Sylvestre, dont le peuple congolais attend urgemment l’application".

Avec tous les évêques, Laurent Monsengwo déclare soutenir la démarche de la CENCO et ses efforts pour "l’avènement d’un Etat de droit afin que les institutions destinées à gérer le pays soient mises en place, pour améliorer les conditions de vie du peuple congolais, dont  la misère ne fait que s’accentuer, et garantir les libertés fondamentales et la dignité humaine".

Ci-après l'intégralité du message du cardinal Monsengwo :

"1. Avec toute la nation et l’ensemble de notre peuple, nous nous inclinons devant la mémoire du Président Etienne Tshisekedi, l’icône de la démocratie.

2. Cependant, ces derniers temps, la situation  sécuritaire reste préoccupante en RD Congo en général, et à Kinshasa en particulier. Il y a un regain de peur, de colère, voire d’incertitude. Nous avons appris avec indignation, le samedi 18 février 2017 l’incendie d’une partie du Grand Séminaire de Malole par des inciviques, qui ont semé  la terreur chez les sœurs carmélites voisines dudit séminaire à Kananga, dans la province de Kasaï Central.

On note aussi des propos discourtois à l’endroit  des autorités  de l’Eglise catholique (cfr le passage de jeunes gens le mardi 7, le vendredi 10 et le samedi 11 février 2017  à l’Archevêché de Kinshasa, créant ainsi une atmosphère de panique). De plus, le dimanche 19 février 2017, la paroisse saint Dominique de Limete a été visitée par une vingtaine de jeunes gens mal intentionnés. Ils ont profané l’église : ils ont renversé le tabernacle, l’autel a été  sérieusement saccagé,  des bancs ont été cassés, jusqu’à vouloir incendier l’église. Le dégât matériel est important. La communauté des Pères Oblats à la 10ème rue résidentielle  n’a pas été épargnée. Nous stigmatisons et condamnons avec force ces actes  qui frisent la barbarie.

3. Ces événements laissent croire que  l’Eglise catholique  est visée, de manière intentionnelle, pour torpiller sa mission de paix  et de réconciliation, au moment où la Cenco poursuit sa mission de bons offices au centre interdiocésain. En communion avec la Cenco, nous soutenons sa démarche et tous ses efforts pour l’avènement d’un Etat de droit  afin que les institutions destinées à gérer le pays soient mises en place,  pour améliorer les conditions de vie du peuple congolais, dont  la misère ne fait que s’accentuer, et garantir les libertés fondamentales et la dignité humaine.

Les hommes politiques porteront la responsabilité de l'impasse

4. Pour rappel, la Cenco ne joue qu'un rôle de médiateur. Il appartient aux hommes politiques de reconnaître avec humilité, devant la nation et la communauté internationale, leur velléité politique et la turpitude de leurs choix nombrilistes qui conduisent à l'impasse ou au blocage des institutions. Ils en assumeront la responsabilité devant l'histoire.

5. Nous invitons instamment les uns et les autres  à faire preuve de sagesse, de retenue, d’esprit démocratique pour résoudre la question relative à la désignation du Premier ministre et aux autres questions connexes, en vue de décanter la crise qui ne fait que durer et risque de mettre en péril la tenue des élections prévues à la fin de cette année selon les accords de la Saint Sylvestre dont le peuple congolais attend urgemment l’application.

6. Avec tous les évêques, nous dénonçons ces actes de violence susceptibles de replonger notre pays dans un chaos indescriptible. Nous invitons les autorités de notre pays à arrêter cette tension et à assurer la protection des biens et des personnes, surtout le patrimoine de l’Eglise catholique qui est fortement visé.

7. Puisse le Seigneur accorder à notre pays une paix durable dans la justice,  la vérité et l’amour du peuple, pour lequel le Président Etienne Tshisekedi a combattu sans relâche. Ne souillons pas sa mémoire. Aussi lui rendons-nous un hommage mérité, tout en priant pour son salut éternel. Que la Vierge Marie, Mère du Rédempteur, Notre Dame du Congo et Reine de la Paix, nous obtienne de son Fils, la Paix en abondance".

(L'intertitre est du Signal du Continent)

Des images de la profanation de l'église Saint Dominique à Limete, KinshasaDes images de la profanation de l'église Saint Dominique à Limete, Kinshasa
Des images de la profanation de l'église Saint Dominique à Limete, KinshasaDes images de la profanation de l'église Saint Dominique à Limete, Kinshasa

Des images de la profanation de l'église Saint Dominique à Limete, Kinshasa

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