Trois Belges et une Canadienne en pèlerinage en août à Mbata Kulunsi, au Kongo Central

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 03/06 - Le père jésuite Marc Cortembos, ancien curé de Nkandu à Kisantu, dans la province du Kongo Central, va conduire un pèlerinage à Mbata Kulunsi, à 105 km de Kisantu du 19 au 30 août prochain, en compagnie de deux autres Belges, Joseph Strale, pharmacien retraité originaire de Manage, et Véronique Polet, enseignante retraitée, ainsi que de la Canadienne Michèle Ouellette, une infirmière retraitée de la Nouvelle Brunswick rencontrée sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle.

La localité de Mbata Makela a été immortalisée par les écrits du voyageur Edouard Lopez dans sa Relation du Royaume du Congo en 1591. Mais c'est en 1909 que le Père Allard, supérieur de la Mission de Mpese, va y découvrir, sur insistance du chef du village, une immense croix de 6,65 mètres de haut, en bois dur, plantée en terre et, une trentaine de mètres plus loin, un canon qui fait penser à la présence d'un champ de bataille. L'érection de la Croix remonterait au 16ème siècle, mais les historiens doutent entre 1575 et 1622.

Depuis la découverte du site, le diocèse de Kisantu a commencé à organiser chaque année, le dernier dimanche du mois d'août, un pèlerinage en camion à Mbata Makela, désormais connu sous l'appellation de Mbata Kulunsi pour son énorme croix. Mais avec la dégradation des routes et les difficultés de vie des populations à financer le voyage, le pèlerinage fut abandonné.

C'est en 1993, à l'occasion du centenaire du diocèse de Kisantu, que l'idée renaît. Le pèlerinage se fait désormais à pied et c'est le père Marc Cortembos, à l'époque curé d'une paroisse de Kisantu, qui fera alors la reconnaissance des étapes de 36 à 44 km. Le premier pèlerinage tel qu'il s'effectue aujourd'hui chaque année débuta, la même année, avec 17 pèlerins. Il s'est depuis développé, avec la participation des chrétiens de plusieurs diocèses du Congo pour atteindre 248 personnes en 2001 et beaucoup plus encore aujourd'hui, selon le père jésuite qui en avait pris la charge jusqu'en 2003.

Depuis, le pèlerinage de Mbata Kulunsi est encadré par les "bilenge ya mwinda" (les jeunes chrétiens modèles) sous la direction du Père André Rosier et l'animateur Masamba, officiellement reconnu par le diocèse, avec des chansons et des danses toute la nuit sous la belle étoile. Le dernier jour est ponctué par la présence de l'évêque du diocèse qui y vient pour célébrer l'eucharistie.

La croix de Mbata Makela brûlée dans une expédition destructrice en 1994

Il faut néanmoins signaler que l'énorme croix de Mbata Makela a laissé place à une nouvelle croix plantée sous la direction de feu Mgr Mayala, évêque de Kisantu, cette fois protégée des intempéries dans une chapelle garnie de bancs. En effet, un illuminé du nom de Kaniamange Atoli Mbala, également soldat, s'est dit investi de la "mission divine" de libérer la race noire, estimant que la croix de Mbata Kulunsi est source de malheur du Zaïre de l'époque et du continent africain.

Le 12 novembre 1994, à la tête d'une expédition de sept personnes dont trois en uniforme militaire, le "prophète" s'est employé, de 8 heures à 12 heures, à mettre le feu à cette croix, qui avait pourtant résisté à l'usure du temps, après l'avoir aspergée d'essence. Quatre siècles d'histoire partaient ainsi en fumée.

La destruction de ce symbole de la première évangélisation du royaume Kongo est intervenue juste au moment où le site de Mbata Kulunsi devenait un véritable lieu de pèlerinage. L'histoire renseigne que le canon, la croix mais aussi un sabre enfoncé dans un rocher de la rivière Inkisi seraient les vestiges de la victoire remportée sur les envahisseurs Yaka par l'armée du roi, renforcée par les troupes portugaises venues à la rescousse. La croix, elle, étant le symbole du triomphe de la foi dans le Christ, protecteur du royaume converti.
 

A gauche, deux des pelerins, avec un ami, Gaby CastelA gauche, deux des pelerins, avec un ami, Gaby Castel

A gauche, deux des pelerins, avec un ami, Gaby Castel

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