Félix Tshisekedi élu président du Congo : Comment diriger avec un Kabila encombrant et omniprésent ?

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 20/02 - L'élection présidentielle en République démocratique du Congo aura marqué les annales du continent en la matière, avec la victoire plus qu'inattendue de l'Udps Félix Tshisekedi.  

Si le FCC, au pouvoir, avait déployé tous les moyens de l'Etat pour tenter de faire élire son dauphin Ramazani Shadari, les électeurs avaient, eux, depuis longtemps tourné le dos à un pouvoir incapable d'assumer un bilan de 18 ans de prédation et de chosification de sa propre population. La sentence des urnes a ainsi été sans appel. 

L'autre opposant, Martin Fayulu, qui revendique la victoire, avec une confortable avance de plus de 60% des suffrages, conforté par les milliers d'observateurs déployés par la toute-puissante Église catholique, n'aura jamais gain de cause, le pouvoir ayant soigneusement cadenassé aussi bien sa CENI que la Cour constitutionnelle. 

Garder le pouvoir à tout prix, malgré la défaite annoncée

Aussi, pour ne pas perdre la face, il fallait doubler d'ingéniosité pour garder le pouvoir à tout prix et ainsi échapper aux possibles poursuites, tant les crimes commis sont énormes et multiformes : politiques, économiques, sociaux et de droit commun. 

La CENI, sans rire, s'empressera de publier les résultats, alors même que, images à l'appui, des paquets entiers de bulletins de vote étaient encore scellés et toujours présents dans des bureaux de vote.

"Je suis le seul à avoir pris connaissance des résultats", déclarait Corneille Nangaa, tout autant sans rire. Pas un seul observateur, soit-il national ou africain ni de la Cenco, n'y a jamais eu accès, à en croire le discours du pasteur, débité en français. 

Kabila parti, vive Kabila

Les avocats de Fatshi ayant eu gain de cause à la Cour constitutionnelle, le contentieux électoral était épuisé. Personne ne pouvait de nouveau contester valablement les résultats des législatives, même si le monde entier a eu la preuve par les images que le dépouillement n'avait sûrement jamais eu lieu. 

Résultat des courses : la CENI a eu toute la latitude d'annoncer, sans le moindre gêne, que ceux qui avaient été honnis par la population sont curieusement ceux-là qui ont été élus par cette même population qui criait "Kabila dégage". De surcroît avec une confortable majorité.

La réunion tenue mardi à Kingakati autour de Joseph Kabila et réunissant les différents groupements du FCC est venue conforter la crainte des observateurs.

Alors que Bahati, fort du nombre d'élus se réclamant de son regroupemt politique, multipliait les déclarations de nature à fissurer la cohésion de l'ex majorité, "l'autorité morale" a vite réuni "tous ceux qui ont mangé avec lui" pour maximiser les garanties de son impunité. 

Les résolutions de Kingakati, si elles sont en droite ligne des résultats annoncés des législatives viennent en tout cas anéantir le dernier espoir des Congolais, qui réclamaient ces élections pour en finir avec le système Kabila et sa médiocrité. 

Aux termes des travaux de Kingakati, il a été rappelé que le FCC dirigera le prochain gouvernement. C'est la logique. 

Fidélité au guide

Mais pour ne pas faire à moitié, Kabila a tenu à réaffirmer qu'il demeure seul maître à bord. Aussi a-t-il fait signer à ses ouailles un engagement ferme,  en sept points. Le plus important est celui dans lequel les membres du FCC jurent "fidélité à l'initiateur Joseph Kabila".

Ainsi, ceux qui clamaient : "on ne verra jamais notre parti faire alliance avec Kabila", "Kabila dégage" ou "que les médiocres dégagent"... devront finalement déchanter.

Bref, Kabila a pris toutes ses précautions. Il vient de (re)mettre ses troupes aux pas, après avoir réussi à diviser l'opposition et la population congolaise.

En définitive, il est acquis que Kabila va contrôler le gouvernement. Il va continuer à régner comme avant. Et donc il peut se pavaner à travers le Congo, en toute quiétude. 

Comme aurait prévenu le patriarche Mungul Diaka, "le véhicule est le même. Le chauffeur aussi c'est le même. On a simplement changé la couleur".
 

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