Carnet de voyage : Accueilli par l'extrême pauvreté de l'aéroport de N'Djili
Bruxelles, 25 déc - Je viens d'effectuer depuis le 22 novembre une visite de travail de trois semaines en RDC où, dès mon arrivée, j'ai été agréablement surpris par la rapidité des formalités à l'entrée, mais déçu par la pauvreté du décor qu'offre l'aéroport international de N'Djili, malgré tout le tralala déployé à l'occasion de sa «modernisation».
En effet, venant de l'aéroport de Paris Charles de Gaulle en transitant par celui d'Addis Abeba, la comparaison avec la modeste plaine de N'Djili illustre à souhait la façon dont le Congo a été géré 18 ans durant : au rabais, sans la moindre petite vision d'un pays voué à un avenir grandiose.
Sauts de mouton, embouteillages monstres et wewa
L'autre découverte dès que l'on foule le sol kinois concerne les différents chantiers de sauts de mouton qui jonchent la capitale et qui engendrent des embouteillages monstres, sur les Boulevards Lumumba et 30 juin, à la Place Socimat ainsi que sur l'avenue du 24 novembre notamment.
Mais ce sont les taxi-motos et leurs conducteurs, appelés localement «wewa», qui tirent profit de la nouvelle configuration. Les wewa, qui ont colonisé la voie publique, semblent même être plus nombreux que les automobiles. Les piétons se doivent de redoubler de vigilance et de prouesse pour traverser la chaussée, tant il faut éviter les taxis et taxi-bus jaunes comme les véhicules des particuliers, mais surtout ces incontrôlables wewa capables d'apparaître lorsque l'on s'y attend le moins.
Leurs tarifs sont même généralement plus élevés que pour les taxis traditionnels, alors qu'ils sont moins affectés par les éternels embouteillages de la capitale et par le prix exorbitant du carburant. Pour un pays producteur de pétrole.
Mais à décharge, il faut reconnaître qu'à terme, les sauts de mouton vont considérablement apporter une vraie solution au casse-tête des embouteillages à Kinshasa, de même qu'ils apporteront une nouvelle robe à cette capitale longtemps réduite à la crasse.
La pluie, la bête noire de la circulation
Néanmoins dans cette ville comme ailleurs, il faut constamment croiser les doigts pour éloigner les averses. En effet, lorsque la pluie tombe, la chaussée devient invisible et la circulation perturbée à souhait. L'on comprend dès lors pourquoi un internaute avait suggéré la formule : «au croisement de la Rivière du 30 juin et de la Rivière des Huileries», tant l'eau de pluie remplace la chaussée.
Pas de surprise qu'on signale des éboulements et qu'on dénombre des morts à chaque averse, dès lors qu'on a laissé construire jusque sur des collecteurs d'eau et que les caniveaux sont totalement bouchés.
Avec des dirigeants qui ne connaissent pas leur pays et qui ne savent pas qu'il faille impérativement recourir à la cartographie de l'urbanisation des villes - existante à l'Institut géographique - pour résoudre l'équation, on continuera encore longtemps de deplorer des catastrophes et des pertes en vies humaines.
(Demain : Délestage, débrouillardise à souhait et l'étape de Matadi et le retour surprise du gouverneur Atou Matubuana après le Mimigate)