La Belgique qui a peur organise une Conférence sur le Congo

Publié le par Cornelis Nlandu-Tsasa

La Belgique qui a peur organise une Conférence sur le Congo, presque sans les Congolais
Il fallait montrer patte blanche
PICT0002.JPGBruxelles - Ils ont seulement été près d’une trentaine de Congolais à franchir le seuil du Palais d’Egmont, jeudi à Bruxelles où se tient jusque vendredi une Conférence sur la République démocratique du Congo, sur près de 400 personnes conviées à cette messe. Et surtout, il ne fallait pas être de la presse congolaise.
En effet, Expertise pour l’Afrique Centrale (E-CA – CRE-AC), qui organise les assises, a joué de son ingéniosité pour filtrer au maximum les entrées. Il fallait sûrement privilégier la pensée unique en n'autorisant l’accès qu’aux personnes proches de la thèse selon laquelle le salut de la RDC passe par la Belgique qui croit faussement qu’elle doit demeurer sa chasse gardée. Pour notre part, malgré la confirmation de notre participation par le mail approprié, notre nom avait simplement été ignoré.
Sur place pour l’enregistrement, nous avons montré patte blanche en exhibant nos deux cartes de presse, aussi bien celle délivrée par l’Union européenne que celle estampillée Ministère de l’Intérieur du Royaume de Belgique. Rien n’y fit, même s’il faut faire accréditer la thèse d’un Etat voyou qui méconnaît le droit à l’information.
Mais, ayant fait de la communication notre priorité, nous avons réussi à infiltrer des personnes qui pourront nous apporter des bribes d’information. Nos lecteurs n’auront donc pas les nouvelles de première main, mais l’essentiel pourra ainsi être sauvegardé.
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Des associatifs admis ...                                                               ... Et deux respectables Congolaises interdites d'accès

Selon le constat à l’entrée, il valait mieux faire partie d’une association sans but lucratif pour avoir facilement accès. Comme si, de l'avis des organisateurs, les membres des ONG et des asbl sont plus facilement aptes à se laisser contenir dans l’escarcelle belge. Nous n’irons pas jusqu’à affirmer que les personnes à la peau plus claire étaient les mieux servies, même si certains Congolais également rabroués l’ont soutenu avec force.
 
Décourager la coopération chinoise, grâce aux amis de la Belgique
 
De même, la qualité des officiels congolais invités pour la circonstance démontre clairement les visées de l’organisation. En effet, de plus en plus de Congolais étant convaincus qu’après près de 50 années de coopération de dupes, la conclusion est que Bruxelles s’est plus évertuée à piocher dans les richesses du Congo, il fallait pour E-CA – CRE-AC lorgner vers ceux qui, naturellement, sont à même de porter la thèse belge et faire croire autre chose.
Pour tenter de reconquérir l’estime congolaise, quoi donc de plus normal que ceux des ministres qui ont été façonnés dans les Instituts belges. Deux ministres sont ainsi venus de Kinshasa, Olivier Jean Cléophas Kamitatu Etsu, du Plan, ainsi que Jeannine Mabunda Mudiayi Lioko du Portefeuille, tous deux sortis de la même école, l’ICHEC, l’Institut catholique des Hautes études commerciales de Bruxelles.
De plus, ils sont idéalement placés sur l'échiquier de l'Exécutif congolais que pour défendre les intérêts que tentent de sauvegarder les Belges en forçant de s’introduire dans les contrats miniers (comme à la Gécamines ou la Miba), mais aussi dans le circuit de développement, avec le Plan que gère Kamitatu. Pour Bruxelles, il faut décourager la coopération chinoise, qui se fait la part belle et qui, grâce à son réalisme, risque de contribuer au développement du Congo en un temps record, prouvant à l'occasion aux Congolais que la Belgique n’a le moins du monde aidé à l’envol de leur pays.
Comme il est aisé de le constater, il y en a encore qui se leurrent à méconnaître que l’heure est venue pour des relations adultes. La Conférence sur l’Expertise pour l’Afrique centrale aura ainsi été un épisode de plus vers la duperie, au moment où l’Afrique tend résolument vers son modèle propre de développement. Que d’argent du contribuable belge gaspillé ! Parmi les intervenants figurent aussi Louis Michel, pour autant qu'il ne se fatigue pas encore, mais aussi l'ambassadeur Jean-Pierre Mutamba, rentré précipitamment de Kinshasa.
 
La Chine à l’œuvre
 
Dans l’entre-temps à Kinshasa, on ne se laisse pas distraire. En effet, sauf imprévu de dernière minute, 150 ingénieurs chinois devaient débarquer le mercredi 20 février à l’aéroport de N’Djili, pour le lancement des travaux de réhabilitation et de construction de routes et voies ferrées prévus dans les accords passés l’an dernier entre la RDCet la Chine. 
Le lancement des travaux sera matérialisé par la reconstruction des boulevards Lumumba et du 30 juin, des avenues de la Libération ex-24 novembre et de l’Université. L’arrivée de 150 ingénieurs chinois sur le sol congolais prouve que les chants de sirène embouchés outre-atlantique pour remettre Kinshasa au pas et le décourager face au réalisme chinois n’est que temps perdu. Elle tranche par ailleurs avec la vieille politique de coopération qui n’a jamais permis, plusieurs dizaines d’années durant, de trouver des solutions appropriées avec les partenaires traditionnels.
 
Cornelis Nlandu
Le Signal du Continent

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