Chronique : Avalanche de divorces au sein de la diaspora
A la suite d'une série de réactions des lecteurs sur l'article, j'ai dû ajouter un cas de divorce qui avait défrayé la chronique en Belgique, celui du Congolais qui s'était tué avec ses quatre enfants. Voici l'article remanié :
Avalanche de divorces au sein de la diaspora
J'ai croisé un divorcé : "Un jour, les enfants nous demanderont des comptes"
Par Jean-Arnaud Lukamba
La recrudescence de divorces auprès des couples de la diaspora est semblable à une épidémie. Dans les milieux congolais, on raconte que le divorce est devenu "le nouveau sport national". Les Occidentaux qualifient le phénomène de "fait de société". Mais si toutes les histoires se ressemblent, ou presque, et si les parents croient que c'est un jeu, ce sont les enfants qui en pâtissent. Tenez.
Je suis invité par un ami pour une séance de travail. A l'arrivée, le constat est effrayant : nous sommes cinq autour de la table, tous des divorcés, sans exception. Un autre jour, je descends du train à la Gare du Midi, je croise un ami, qui m'invite à l'accompagner dans un magasin d'habits à la gare même. Là, nous nous retrouvons à quatre, trois hommes et une dame. Même constat : Tous les quatre sont des divorcés. C'est tout de même interpellant.
Dans nos sociétés africaines, c'est l'homme qui répudie sa femme. En Europe, c'est le contraire. La revanche des Amazones ? La femme va en justice et l'homme est chassé de chez lui, l'épouse préférant adopter le statut de "femme seule"plus confortable financièrement. Mais, comble de paradoxe, celle-ci cherche souvent à trouver rapidement un autre homme, si elle n'en avait déjà pas un avant de divorcer.
La cause des divorces dans la plupart de cas : une femme qui commence à travailler croit qu'elle peut se suffire seule. Surtout avec le système occidental qui lui adjoint également le droit de gérer les allocations familiales - un pactole accordé à chaque famille avec enfants pour lui permettre d'élever les rejetons dans la dignité. Mais ces montants permettent davantage à entretenir la famille de la femme restée au pays, à assurer le "likelemba" (tontine) et à s'affubler des habits les plus chers. Question de paraître dans la société même si, dan la plupart des cas, on sait à peine écrire son nom.
Elles ont pété les plombs
Un mariage à Bruxelles
Je croise un divorcé aux abords du Marché aux Puces à Bruxelles. Il me raconte son histoire. Il vient de divorcer d'avec son épouse, après vingt ans de mariage et de grands enfants nés de l'union. La femme a préféré refaire sa vie ailleurs. Elle s'est envolée pour Kinshasa où elle a épousé un jeune homme. Celui-ci, arrivé à Bruxelles, est utilisé par la dame pour les courses de son café, bien connu des viveurs.
En effet, un autre phénomène qu'on remarque de plus en plus est celui de ces dames, une fois le divorce prononcé, s'envolent pour Kinshasa se choisir un jeune désoeuvré, qu'elles importent en Europe et qui est totalement à la merci de la dame, dont dépend sa survie. Presqu'un domestique ou un esclave sexuel.
L'autre dame que j'ai croisée et qui gère un magasin exotique y est allée à moindres frais. Elle utilisait pour les courses un client de son café, amenagé dans un coin du magasin. Parfois, elle récompensait le garçon en nature. Vous avez compris ? Puis elle a vu que cela était bon, elle l'a invité chez elle. Depuis, ils sont homme et femme, l'homme s'occupant surtout de "tous travaux" pour sa femme, la patronne de l'exotic-bar (peinture, petites courses, propreté, etc).
Pour sa part, un habitant d'un quartier populaire de Bruxelles a préféré quitter sa femme pour s'engager avec une dame plus jeune. Mais après un enfant seulement, la dame a déserté le toit conjugal pour convoler avec un autre homme, proche de sa propre famille. Le cocu ne s'en est toujours pas remis une dizaine d'années après. Il est encore célibataire aujourd'hui, estomaqué par ce qu'il a vécu.
Plus grave est cette histoire venue d'Anvers et qui prouve que les femmes de la Diaspora ont bel et bien pété les câbles. Voici : Kinshasa appelle un doctorant habitant Anvers : "Un petit du quartier arrive", lui dit-on. On le sollicite pour accueillir "le petit" à l'aéroport. Mais comme celui-ci n'a nulle part où aller, le doctorant décide de l'héberger à son domicile, où il habite avec femme et enfants. Puis un jour, la femme est enceinte, des oeuvres du "petit du quartier". Toutes les conversations à Anvers ne tournaient plus qu'autour de ce forfait. Le doctorant, pour échapper à la honte, a quitté Anvers et s'en est allé en Hollande, où il est mort de chagrin. Tout cela pour avoir commis l'erreur d'aider un "petit" qu'il connaissait à peine.
Cet autre Congolais de Bruxelles, lui, ne supportait plus la douleur de son divorce. Tous les jours, il allait vers son épouse pour implorer son pardon. Sans effets. Alors un à bord de sa voiture, il met un puissant somnifère dans le jus des enfants puis, après avoir bloqué les portières, il verse de l'essence dans l'habitacle du véhicule avant d'y bouter le feu. Il est mort lui et ses 4 enfants, tous carbonisés. La femme ne s'en est jamais remise. On dit même qu'elle en est devenue folle.
On peut continuer la litanie, mais la constance est que ces histoires de divorces se terminent souvent mal. On a vu des hommes mourir, mais aussi des femmes et des enfants. Mais nos femmes sont tellement égoïstes, aveugles et veulent tout gagner seules qu'elles ne semblent pas avoir l'intelligence suffisante pour comprendre que "la vie n'est pas un jeu, mais plutôt un enjeu". Quelqu'un a dit : "Dans tous ces divorces, c'est toujours la femme qui perd". Alors qu'elle croyait gagner.
"Nous avons acheté une maison, puis elle a ramassé un garçon dans la rue"
L'histoire de ce couple de Bruxelles est aussi cocasse. Chaque fois qu'il y a un problème, la femme commence à aller prier. A l'église, elle fait la connaissance d'un jeune homme, toujours en veste comme tous les "bandimi" (les fidèles). Croyant avoir trouvé le ciel, la femme va voir les juges pour qu'on chasse le mari. Les conseillers de rue et des nganda (bars) ont dit à la femme : "Si le mari quitte la maison, celle-ci devient à toi toute seule". Erreur.
Mais l'histoire est tellement illustrative de ce qui se passe en Europe que j'ai décidé d'interviewer l'homme. Voici son récit :
- Un jour, je reçois un courrier du Tribunal, je pose la question à ma femme, elle me dit : "On ira juste au tribunal pour signer un document". J'essaie de la convaincre qu'il ne faut pas un tribunal pour signer un document. Elle se fâche. J'avais compris. Une fois au tribunal, elle commence à pleurer devant les juges : "Je souffre, faites-le sortir de la maison. je veux me séparer de lui et vivre seule", dit-elle en larmes, comme une personne qui est envoûtée. Quelques mois après, le juge prononce la séparation, puis plus tard le divorce.
Mais seulement quelques jours après mon départ de la maison, que nous avons d'ailleurs achetée ensemble, elle a amené le gars qu'elle a ramassé dans la rue. Heureusement, trois ans après, j'ai toujours les papiers de la maison, en attendant la vente. Parce qu'avec tous les "checouleurs", les voleurs et les prostituées qui fréquentent aujourd'hui la maison après mon départ et depuis que c'est devenu une foire, avec un enfant du primaire comme chef ... on ne sait jamais ce qui peur arriver.
Vous n'avez pas cherché à renouer ?
- J'ai tout fait. Un jour, je l'ai appelée au salon pour qu'on parle. Elle est venue en criant, elle s'est déshabillée : nue comme un ver de terre, telle que sa mère l'a mise au monde. J'ai cru qu'elle était devenue folle. Vous savez, quand j'ai raconté l'histoire à ma mère, elle s'est écriée : "Sans effet. Si c'est une sorcière, que ça se retourne contre elle". J'étais convaincu que la femme est gravement envoûtée.
Après la signature du contrat
Ensuite j'ai utilisé une de ses amies, qui a essayé aussi de la ramener à la raison. Elle m'a dit : "Le problème avec ta femme, c'est qu'elle n'écoute personne". Puis une famille amie est arrivée de Paris pour la raisonner. Elle a répondu: "Vous êtes tous contre moi". L'envoûtement était trop fort.
Dès que je suis parti, j'ai commencé à chercher à refaire ma vie. Aujourd'hui, elle vit avec cet homme, qui est sans travail et qui a comme unique occupation : regarder la télé, garder mes enfants et surveiller ma maison, pendant que madame va travailler durement comme ouvrière pour entretenir ce désoeuvré. C'est tout ce que le mec fait. Un vrai travail d'ouvrier. Alors que la dame croyait avoir trouvé le paradis. Mais Jésus a dit : "Le salut n'est pas de ce monde".
Elle a fait une grande publicité, croyant avoir trouvé le ciel
Il parait que tu as menacé ce garçon au téléphone ...
- C'est ce qu'elle a raconté, pour se donner bonne conscience et pour que les gens me donnent tort, alors qu'elle sait que c'est totalement faux. Je ne savais même pas qu'elle avait un mec. Lorsque j'ai cherché à vérifier, on m'a dit qu'il s'agit d'un gars qui avait été refoulé de Belgique avant de revenir, un quidam sans-papier ni ressources, mais qui a la réputation de vivre aux crochets des femmes. Comment pourrai-je l'appeler, alors que je ne savais pas qu'il existait ? Pire, nous ne sommes ni du même milieu, ni du même niveau. Nous allons parler en quelle langue ?
Je ne dis pas tout ce qu'on m'a raconté sur ce gars. A quoi bon ? Il y a des gens qui préfèrent la viande quand elle est pourrie. Elle croyait qu'elle avait trouvé le paradis, elle a commencé à faire la pub du mec, dans les fêtes, les matanga (deuils) et les bars. Maintenant qu'elle connaît la vérité sur l'homme, il est trop tard. Moi je suis marié, avec une dame de mon niveau. Les gens du primaire entre eux et vive le "bonbon, biscuit, gratana".
Mais j'ai appris que vous avez aussi injurié la femme. Une injure grave ...
- Non, mon cher. Les enfants d'Ecole primaire ne savent pas faire le lien des événements. Tous ceux qui me connaissent savent que j'ai une qualité : je ne provoque jamais. Mais j'ai un défaut : c'est qu'il ne faut pas me provoquer. Parce qu'une fois, deux fois, la troisième fois, je conclus que vous me faites la guerre. Et tous les généraux vous diront qu'on sait quand commence la guerre, mais personne ne peut dire quand ni comment elle se termine.
C'est-à-dire ?
- Quelques jours avant le premier procès, elle m'a appelé "Mario" (quelqu'un qui vit aux dépens de son épouse). Alors même que je travaillais. "Mario", c'est quelqu'un qui ne travaille pas, comme son mec actuel. Vous voyez qu'elle est aujourd'hui la femme de Mario. Soit. Puis, un jour au tribunal, elle m'a traité de "clochard". C'était en 2007. Ce qui veut dire qu'elle dormait dans le même lit qu'un clochard, qu'elle a même fait des enfants avec un clochard, et je ne dis pas tout. Les deux fois, je n'ai pas réagi. C'est mon habitude. Puis, une troisième fois, elle m'appelle et m'injurie au téléphone. C'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai alors réagi, et très fort. En réponse à son injure, je lui ai balancé une énormité, une phrase qu'elle n'oubliera jamais de sa vie. Demandez-lui de quoi il s'agit. Mais elle ne le dira jamais, tellement ça l'a anéantie. Elle qui croyait que lorsque l'on parle de la femme en Belgique, c'est elle, alors qu'elle ne vaut rien du tout, à part faire le "atalaku" dans les fêtes et à danser fort avec les fesses pour impressionner. Les premiers mots français qu'elle peut prononcer, elle les a appris chez moi. Je lui ai donné du respect grâce à mon nom et à ma profession, qu'elle a perdu. Aujourd'hui, elle est la femme de l'ouvrier, comme elle est elle-même ouvrière. Un artiste avait prédit : Muasi ya muke abala mobali ya muke, basala makambo ya mike". (Une femme de petit niveau doit épouser un homme de son niveau pour réaliser des choses de leur bas niveau).
"Nue comme un ver de terre" : le titre de mon prochain livre
Pouvez-vous me répéter cette injure ?
- "Non, Monsieur le journaliste. Je n'ai pas l'éducation de ceux ou celles qui ont grandi dans la rue, et qui ramassent et mettent dans la bouche ce que les autres ont jeté, peut-être parce que c'est pourri. Je ne dirai plus rien ni maintenant, ni plus tard. Mais un peu de patience, car je suis en train d'écrire un livre autobiographique, dans lequel je vais étaler toute la vérité : tout le bien que j'ai fait depuis Kinshasa, où elle ne valait rien dans son quartier, et où elle ne vendait même pas au marché du coin, je dirai comment on m'a remercié, les mensonges et les injures qu'on a débités sur moi et comment j'ai réagi. J'y évoquerai aussi mon nouveau mariage et comment je me sens maintenant délivré totalement. Ce livre, je vais l'intituler "Nue comme un ver de terre" ou " La vérité selon Saint ...".
Une femme congolaise
Parce qu'un jour, les enfants vont poser des questions : "Vous avez acheté une maison, qui est notre héritage, pourquoi l'avez-vous vendue ?" Ils devront savoir que quelqu'un avait pété les câbles dans la famille. Ou alors : "Nos amis ont des comptes en banque depuis l'enfance. Pourquoi pas nous ?" Ils devront savoir qui a volé leur argent depuis qu'ils sont tout-petits. Car, contrairement à la vieille dame du "moziki" qui avait dit : "l'argent des allocations familiales, c'est pour le likelemba et les habits", les enfants demanderont des comptes un jour.
Mais ce qui est regrettable, c'est qu'elle ne cesse de débiter des mensonges sur moi, depuis qu'elle a appris que je me suis remarié, avec une femme de valeur, et qu'elle a appris que l'homme pour lequel elle a fait une grande publicité est en réalité malade. Dieu sait punir les pécheurs.
Pourquoi ne pas dire la vérité : Dire qu'elle a demandé le divorce parce qu'elle croyait avoir trouvé le meilleur mec du monde et qui est très riche ? Pourquoi ne pas dire qu'elle a pleuré devant les juges pour qu'on chasse vite le mari, afin que le clochard ou S.D.F. (Sans domicile fixe) qu'on a ramassé dans la rue vienne habiter dans la maison achetée par le mari ? Mais sur son nouveau mec, elle dit la vérité, parfois sans le savoir vu son absence d'instruction. En effet, elle a reconnu lors d'un deuil de la famille amie à Paris : "Mobali yango aza na ye pe maladi" (Le gars en question est d'ailleurs malade), subissant opération sur opération.
Pourquoi raconter : "Tokabuani po asololaki bien te" (Nous avons divorcé parce qu'il n'a pas bien parlé). Bien parler, il faut enlever tous les habits jusqu'au plus petit vêtement, comme elle l'a fait ? Comme un malade mental ?
Une satisfaction tout de même ?
- Oui. Elle m'a donné des beaux enfants, intelligents à l'école comme leur père. Nous avons été connus comme "le couple modèle" dans notre quartier, jusqu'à son arrivée en Europe, où elle a totalement disjoncté. Surtout après son adhésion à ce "moziki" des femmes libres.
Votre conclusion ?
- La femme de la Diaspora croit qu'elle peut refaire l'histoire : Elle épouse un homme et l'amène à la maison, contrairement à la Bible. Et le dimanche, elle prie fort devant le pasteur, injuriant presque Dieu qu'elle croit aveugle. Peine perdue, parce que les amis du quartier et surtout les mamans du quartier où elle a grandi savent ce qu'elle a été et grâce à qui elle est devenue ce qu'elle est. Ce sont les témoins de Dieu sur terre. Qu'on ne s'étonne donc pas des malchances qu'elle accumule sans le savoir. Ainsi, on apprend ici que le copain est mort, là que le copain est malade, ou encore là que le copain est en prison pour 15 ans. On croit que c'est par hasard.
Quand on ne sait pas dire "pardon" ou "merci", on peut prier tant qu'on veut, Dieu restera sourd à vos demandes. Car on va à l'église pour prononcer seulement deux mots : pardon (pour nos péchés) et merci (à Dieu, pour tout ce qu'il a fait pour nous). Mais il ne faut pas chercher Dieu très loin : c'est le prochain qui est à côté. Souvent, l'orgueil aveugle nous empêche de prononcer ces mots, avec ses conséquences.
Pire, on va auprès des conseillers des rues et des bars-témoins qui, la plupart des cas, sont des anciens pousse-pousseurs, des gens qui ont appris à nouer la cravate en Europe, où ils sont d'ailleurs arrivés après avoir vendu la parcelle du papa. Dans ces cas, bonjour les dégâts. Voilà mon message, qui est aussi mon testament après mon divorce.
Je suis content que m'ayez donné la parole. Je suis à présent libéré. Je n'attend plus que ma maison soit vendue. La procédure est presque entamée. Là je peux être tranquille dans ma nouvelle vie, avec plus d'expérience et des projets d'avenir, pendant que les primairiens continuent à s'amuser même en étant devenus grand-mères et grand-pères.
Ecoutez aussi à ce sujet la chanson "Assistante sociale" de Madilu
Propos receuillis par Jean-Arnaud Lukamba