Les juges dans l'affaire du PDG de l'Ogefrem ont été arrêtés et écroués à Makala

Publié le par Cornelis Nlandu-Tsasa



Décision de libérer le PDG de l'Ogefrem

Les juges écroués à Makala

 

Kinshasa, 23 oct (APA)- Les deux juges du tribunal de grande instance de Gombe qui ont rendu mardi l'ordonnance de mise en liberté provisoire en faveur de l'Administrateur délégué général de l'Ogefrem, Emile Ngoy Kasongo, et de son administrateur technique, Roger Andende, ont été mis aux arrêts et écroués mercredi à la prison centrale de Makala, rapporte radio okapi de la Monuc citée par l'APA.

Jusque jeudi matin, les deux prévenus, bien qu'ayant bénéficié de l'ordonnance précitée, n'avaient pas recouvré physiquement leur liberté, indique la même source.

Au cours d'une déclaration à la presse, mercredi à Kinshasa, Me Freddy Mulamba, avocat de l'Ogefrem, a dénoncé le maintien en détention d'Emile Ngoy, malgré la décision de mise en liberté provisoire rendue mardi soir. Pour lui, cette situation est considérée comme une instrumentalisation de la justice dans cette affaire. Pire, d'après la source, le parquet général de la République a mis aux arrêts depuis mercredi soir les deux juges qui ont accordé la liberté provisoire aux deux mandataires de l'Ogefrem.

 

Réaction du syndicat des magistrats




Réagissant à cette arrestation des juges, l'intersyndicale des magistrats de la RDC a accusé mercredi, le Procureur général de la république de porter atteinte à l'indépendance des juges. «Le parquet n'a pas fourni d'indices de culpabilité sur Emile Ngoy et son collaborateur», a soutenu Me Thomas Otshudi, porte-parole de l'Intersyndicale des magistrats. Cette absence d'indices a poussé les juges à accorder la liberté provisoire aux deux prévenus, a-t-il ajouté.

" Il y a un dérapage inadmissible à constater que le parquet, fût-il général de la République, qui présente les prévenus en chambre du conseil, puisse au lendemain des décisions rendues par les juges, transformer ces derniers en prévenus. «C'est ce qui se passe malheureusement. Ceci est un recul pour l'Etat de droit que nous voulons bâtir.

L'intersyndicale pense que lorsqu'un prévenu est présenté devant la chambre de conseil, le parquet doit apporter les éléments qui puissent attester des indices sérieux de culpabilité.

«Et quand ces indices sont caractérisés, le juge puise les éléments de sa décision dans la profondeur de sa conscience à base de ces éléments." Les juges qui ont pu rendre cette ordonnance ne se sont soumis qu'à l'autorité de la loi.

 

Le procureur général rétorque

 

Joint jeudi par radiookapi.net, le Procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, affirme détenir des indices sérieux de culpabilité d'Emile Ngoy et Roger Andende. Il a déclaré ne pas être opposé à leur mise en liberté provisoire, puisque les juges sont indépendants. Il a toutefois confirmé l'arrestation des deux juges.

D'après lui, les circonstances qui entourent l'ordonnance de mise en liberté provisoire d'Emile Ngoy et Roger Andende soulèvent des questions auxquelles la justice doit répondre.

" Comment pouvez-vous expliquer que peu de temps avant que ces juges ne rendent leur ordonnance, la décision était déjà connue du public ? ",s'interroge le Procureur général de la République. Selon lui, en tant que l'un des premiers défenseurs des droits de l'homme et de l'indépendance des juges en RDC, il y a des choses qui ne seront plus tolérées et les magistrats doivent le savoir.

A la question de savoir si les juges arrêtés sont accusés de corruption, Flory Kabanga a répondu : " C'est vous qui le dites». «La corruption est un acte secret, personne ne l'avoue, mais, il y a des indices. Et ça, nous n'allons pas le tolérer dans ce corps que nous sommes en train d'assainir. Ces juges savent pourquoi ils sont écroués, ils ont été suffisamment entendus par les magistrats du parquet général. Il y a des magistrats qui ternissent l'image de la magistrature et nous avons comme objectif de les écarter de notre corps", -t-il averti.

Emile Ngoy et Roger Andende ont été interpellés par le parquet général de la République le 10 octobre dernier avant leur transfert, 48 heures plus tard, à la prison centrale de Makala. Ils sont poursuivis pour détournement des deniers publics. Mais, selon des sources de l'Ogefrem ayant requis l'anonymat, les deux mandataires seraient poursuivis pour usurpation de pouvoir dans le cadre du contrat qui lie l'Ogefrem et Frabemar, une firme italienne, notamment en ce qui concerne la gestion de la fiche électronique de renseignements à l'importation.

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