Violences en RDC : Coup de maître pour l'opposition, qui doit se remettre en question

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Kinshasa sous occupation militaire
Kinshasa sous occupation militaire

La vie reprend son cours mais présence militaire renforcée

Bruxelles, 22/09 - Des opposants à Joseph Kabila se sont rassemblés par petits groupes mercredi à Kinshasa, où la présence militaire renforcée a dissuadé les manifestants de se mobiliser en masse, comme cela avait été le cas pendant les deux jours d'émeutes, lundi et mercredi, qui ont fait 32 morts selon la police congolaise, et plus de cent, selon l'UDPS.

Des témoins ont indiqué que la vie avait timidement repris son cours normal dans la plupart des quartiers de la capitale, mais des incidents ont été signalés par endroits, notamment dans les communes de N'Djili et Matete, où la population, excédée par une situation de misère quasi généralisée, est décidée à en découdre au finish avec le régime tant honni mais où l'on accuse également Kinshasa d'avoir fourni en armes des jeunes du Camp Kabila à proximité pour attaquer les frondeurs.

Face à cette situation de crise profonde doublée de morts d'hommes, le président Kabila a délivré - mais par journaliste interposé comme cela ne se fait nulle part au monde - un message de condoléances aux familles éprouvées, avant d'appeler l'opposition à délaisser "l'insurrection" et à "le rejoindre sans attendre" à la table du "dialogue". Sans la moindre référence à son avenir politique du ni au scrutin présidentiel.

Cette attitude atypique du chef de l'Etat a été diversement interprétée, certains allant jusqu'à y voir "un mépris total vis-à-vis des Congolais. Par ailleurs, des rumeurs de couvre-feu avaient couru, lesquelles n'ont pas été confirmées. Mais c'est tout comme, au vu d'importants renforts de policiers et de militaires déployés ainsi que l'arsenal exhibé à travers Kinshasa, de loin plus impressionnants que ce que l'on voit à l'est de la RDC plongé dans un état de guerre permanent depuis près de vingt ans.

L'opposition peut savourer sa victoire, mais doit se remettre en question

Dans son éditorial, jeudi, La Libre Belgique pose la question de savoir "Comment sortit de cette crise majeure". Pour le quotidien belge, les affrontements de ces 19 et 20 septembre ont prouvé que la crise était très profonde et que le régime en place, s'il pensait pouvoir se maintenir au-delà de la limite fixée au 19 décembre par la Constitution, devra revoir ses ambitions. La population congolaise a démontré qu'elle voulait la fin du régime Kabila. Elle a aussi démontré qu'elle était prête à se battre pour faire respecter ses droits, souligne Hubert Leclercq.

A son avis, l'opposition peut se frotter les mains de ce constat, mais elle doit aussi se remettre en question. Elle qui a martelé que le peuple devait se prendre en main est prise à son propre piège, estime notre confère qui signale que c'est le peuple de Kinshasa qui a mené la lutte, comme c'était lui qui avait "marché" contre la tentative de révision de la Constitution voulue par Kabila en janvier 2015. Une donne dont il faudra absolument tenir compte.

L'église, seule au milieu du village

Pour sortir du chaos, La Libre Belgique estime pour sa part qu'il n'y a qu'une voie : la négociation. Le mot dialogue devant être rayé du lexique congolais pour quelques décennies, souligne le journal qui fait savoir qu'il s'agit d'une négociation à laquelle devront participer cette fois tous les tenants de la vie publique congolaise.

Mais qui peut reprendre la main aujourd'hui, questionne le quotidien belge ? La défiance s'est muée en haine entre la majorité présidentielle et l'opposition et personne dans ces deux camps n'est disposé à faire le premier pas. Pour La Libre, le seul acteur congolais - car il devra être congolais vu la méfiance pour la communauté internationale - est l'église. Elle a été constante dans son approche de la crise et conserve le soutien du peuple.

Également respectée pour son rôle déterminant dans l'ouverture démocratique dans les années '90, l'Église catholique a exigé que le dialogue puisse réunir "un consensus plus large", "établir clairement et stipuler que M. Kabila ne se représentera pas". Mais même si sa marge de manœuvre est étroite et le calendrier serrée, c'est aujourd'hui la seule institution qui puisse relancer un processus capable d'éviter un chaos total au Congo, selon le quotidien belge.

La population étroitement scrutée (1 et 2) - 3. Arsenal de guerre à dispositionLa population étroitement scrutée (1 et 2) - 3. Arsenal de guerre à dispositionLa population étroitement scrutée (1 et 2) - 3. Arsenal de guerre à disposition

La population étroitement scrutée (1 et 2) - 3. Arsenal de guerre à disposition

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