Le gouvernement issu du Dialogue retardé au 5 décembre : L'accord déjà violé 20 jours après

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Une vue de la signature de l'Accord

Bruxelles, 08/11 - Alors qu'Alexis Thambwe Mwamba répétait encore ce matin, en conférence de presse que "le président Kabila respectera l'intégrité de toutes les dispositions de l'accord issu du dialogue, l'incertitude grandit de plus en plus. En effet, alors que l'on attendait le nouveau gouvernement au plus tard demain mercredi, aux termes de l'accord du 18 octobre et qui entrait en vigueur "le jour de sa signature", la Majorité présidentielle vient unilatéralement de modifier le deal, dont voici d'ailleurs le chronogramme normal :
 
-      18/10/2016 : Fin du dialogue et signature de l'accord politique
-      07/11/2016 : Dépôt au gouvernement par la CENI du budget détaillé du processus électoral
-      08/11/2016 : Formation du gouvernement d’union nationale, avec un Premier ministre issu de l’Opposition
-      31/07/2017 : Fin des opérations d'enrôlement et constitution du nouveau fichier électoral
-      30/10/2017 : Convocation du corps électoral pour la présidentielle, législatives nationales et provinciales
-      30/11/2017 : Dépôt des candidatures pour les élections présidentielles, législatives nationales et provinciales
-      29/04/2018 : Tenue de la présidentielle, législatives nationales et provinciales
-      10/05/2018 : Remise et reprise entre le président actuel et le président élu.

La signature de l'accord doublé par la volonté d'une personne

Pour la majorité, l'accord n'entre finalement en vigueur que le jour où il a été reçu par le chef de l'Etat, c'est-à-dire le 24 octobre. C'est là le premier camouflet. Et donc, personne ne peut déjà dire aujourd'hui s'il faut réadapter toutes les dates à + 6 jours. Le mystère reste entier, même pour les participants au Dialogue, dont Kabila ne reconnaît donc pas la signature mais sa propre volonté.

C’est le 18 octobre 2016 qu’a été signé à la cité de l’Union africaine l’Accord politique du dialogue, convoqué deux années plus tôt par le président Kabila, avant de se mettre péniblement en branle, bien que décrié par une bonne frange de la classe politique. Aujourd'hui, l'on sait qu'il s'agissait d'un véritable marché de dupes qui cachait mal les vrais objectifs de la Majorité présidentielle, à savoir gagner du temps et peut-être avoir les fanatiques du respect de la Constitution à l'usure. Comme seuls les naïfs ne pouvaient s'y attendre, aujourd'hui, à peine 20 jours plus tard, l'accord est déjà violé.

Le texte signé le 18 octobre 2016 prévoyait que dans les « dans les vingt (20) jours qui suivent la signature du présent accord, la Céni prépare un budget détaillé pour l’ensemble du processus électoral et le soumet au gouvernement ». C'est-à-dire au plus tard le lundi 7 novembre 2016. On n'a jamais vu ce budget ni oui les explications de qui que ce soit, même pas Corneille Nangaa, qui s'en fiche d'ailleurs, n'ayant d'ordre à recevoir que de qui seul il sait. Qui a dit Commission électorale indépendante ?

D'autres noms cités au poste de Premier ministre

Par ailleurs, Vital Kamerhe qui s'était précipité dans les bras de Joseph Kabila n'est même plus totalement sûr de décrocher le poste de Premier ministre. L'accord du Dialogue stipule pourtant que « il sera procédé dans les 21 jours qui suivent la signature du présent accord à la formation d’un gouvernement d’union nationale… ».  C'est-à-dire ce mardi 8 novembre. Rien de tel n’est signalé. Matata Ponyo continuer de trôner à la Primature.

Pire, à part celui de Kamerhe certains autres noms de récipiendaires sont également évoqués , notamment celui de Léon Kengo wa Dondo. Mais tel que l'on le connaît futé, il est presque acquis que ce dernier, au cas le poste lui était proposé, déclinerait l'offre, pas du tout rassuré que l'hécatombe annoncée par le Rassemblement n'aura pas lieu. Selon les dernières nouvelles, ce n'est finalement que le 5 décembre que ce gouvernement verra le jour. Soit un retard de près d'un mois sur le chronogramme. Faut-il dès lors réajuster une fois de plus le chronogramme du dialogue de 28 jours ? Personne ne peut répondre à la question.

Aussi, même au sein de la MP où seuls les faucons se frottaient les mains, d'aucuns - le président Kabila en tête - ne sont convaincus que l'accord du 18 octobre a réussi à désamorcer la crise. Ce qui fut pourtant le principal objectif de la convocation des assises. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre la main tendue à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) pour une ultime mission de bons offices auprès de l'aile dure de l’Opposition, à savoir le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, afin de réussir l'inclusivité évoquée dans l'ordonnance convoquant le Dialogue.

Aujourd'hui à Kinshasa, la vie a repris son cours et personne ne se préoccupe encore de ce Dialogue décrié par Limete, comme de l'accord qui y a été signé. Les premières distortions constatées présagent que la suite du chronogramme a beaucoup de chance de ne pas être respecté. Ce qui conforte de plus belle les tenants de la thèse selon laquelle "Si on ne peut respecter une Constitution, qui dit qu'un simple accord sera respecté" et  qui risque encore de donner raison au Rassemblement dans son intransigeance à considérer que la date du 19 décembre 2016 reste la bonne.

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