Oraison poignante en hommage aux victimes des marches: Qui donne l'ordre de tirer ?

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 13 février - Le Comité laïc de coordination à ému l'assistance, vendredi a la messe d'hommage aux chrétiens tombés les 31 décembre 2017 et 21 janvier courant, dans une oraison poignante où il cite les noms des victimes et fait parler la mémoire de la figure emblématique de celles-ci, à savoir la fille d'un officier de police abattue par des policiers. 

Dans ce texte signé par Thierry Nlandu Mayamba, au nom de la Coordination, l'orateur précise que Thérèse Kapangala nous interroge tous, en commençant par son propre père, officier de police, un corps pourtant commis à la protection des citoyens. Les mots sont si poignants qu'il est indiqué de les garder en mémoire. Ci-après cette oraison :

"Ceux qui nous quittent aujourd’hui ont un nom. Ils ont un âge. Ils ont un visage :
1. Thérèse Kapangala
2. Hussein Ngandu Kisene
3. Jackson Kabadiatshi Malango
4. Benjamin Mwingilau
5. Serge Kikunda
6. Matthieu Mfuamba
7. Un mort par balle non identifié à Lemba au Camp Mzee Kabila.

Tous, des jeunes êtres que des armes en folie ont arraché à la vie. Ils ne rêvaient que d’une seule chose : vivre heureux sur cette terre de nos ancêtres. Ils n’ont jamais cru, un seul instant, qu’ils devaient donner leurs vies pour que les dirigeants de ce pays comprennent qu’ils n’avaient simplement soif que de liberté et de bonheur.

Ces morts que nous honorons aujourd’hui suscitent de multiples interrogations parmi lesquelles je retiendrai celles du corps innocent de Thérèse. Là où elle se trouve, à cet instant, Thérèse nous interroge tous, en commençant sans doute par son père, officier de Police, membre d’un Corps dont le rôle est de protéger la vie des citoyens :

« Oui, papa, aujourd’hui la Police a tué sa propre fille, elle qui a toujours tiré sur les enfants des autres ;
Oui papa, tous les officiers comme toi, dans tous nos camps militaires et de Police, ne savent plus à qui adresser les condoléances.
Mais au-delà de ces instants de douleur, ma mort cherche quelques réponses à mes interrogations :

Qui, dans vos services, donne des armes de guerre pour encadrer des marches pacifiques ? Dis-moi qui, papa ?
Qui, dans vos services, distribuent, comme des petits pains, ces munitions qui tuent ? Dis-moi qui, papa ?
Qui, dans vos services, donnent les ordres de tuer, après avoir pourtant donné des assurances que les bavures d’hier ne se reproduiraient plus ? Oui papa, qui ?
Qui vous vend ces armes et munitions car, à ce que je sache, notre pays n’en produit pas. Peux-tu répondre papa, qui ?

Enfin, pourquoi obéissez-vous à des ordres injustes ? Pourquoi, papa ?
Je suis morte, mais je ne te quitterai que lorsque tu auras répondu à mes interrogations. C’est alors que je pourrai les partager avec mes compagnons d’infortune. C’est alors que nous cesserons de hanter les esprits de tous nos pères, tes collègues de la Police, de l’Armée et des Services de Renseignements.

Car, au moment où je te parle, je suis toujours là, ma tête sur tes jambes jusqu’à ce que tu me déposes, endormie, sur mon lit. Tu resteras toujours mon père adoré. Je t’aime. »

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