Brouille entre Kinshasa et Bruxelles : Les mesures de rétorsion des Congolais sont totalement sans objet

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 6 janv - La RDC vient de prendre deux mesures en guise de rétorsion face à la décision belge de limiter sa coopération aux seules Ong en contact direct avec la population. En réponse,  Kinshasa décide de la fermeture de la Maison Schengen chargée de délivrer les visas européens ainsi que la réduction de 7 à 4 le nombre de rotations de Brussels Airlines. 

Signe que les autorités de Kinshasa sont mal ou pas informées, les Congolais croyant faire mal aux Belges se sont plutôt trompés de cible sur toute la ligne. Dorénavant  ils devront traverser le fleuve pour leurs visas. Or la représentation diplomatique belge d'en face est formelle: seuls les résidents du Congo Brazza sont autorisés à demander le précieux sésame à Brazzaville, selon un communiqué reçu lundi. 

Ainsi, voulant sanctionner les Belges, Kinshasa a au contraire fait du tort à sa propre population. Même les consulats belges de Lubumbashi et de Goma, également visés par la colère congolaise, viennent de mettre la clé sous le paillasson, privant l'ensemble des Congolais de toute possibilité de voyager dans l'espace Schengen. 

Non content de sa bévue, Kinshasa à multiplié les maladresses: l'Autorité de l'aviation civile congolaise vient de faire parvenir "sa" décision de limiter à 4 les vols de la Compagnie aérienne Brussels Airlines, initialement au nombre de sept. Seulement, tous ceux qui lisent encore savent que la société belge a été rachetée par l'allemande Luftansa, qui en détient désormais les 100% des parts et qui a d'ailleurs viré, lundi, les deux administrateurs belges, à savoir le directeur général et son directeur financier. 

Ainsi, l'ancienne société belge garde bel et bien ses 7 fréquences, au nez et à la barbe des autorités congolaises coupables d'ignorance. En clair, Brussels Airlines va atterrir 4 fois à Kinshasa et laissera à Luftansa le loisir d'assurer les 3 autres vols. En toute légalité. Et le tour est joué, les médiocres n'y voyant que du feu.

Les hommes de Mobutu, eux, étaient redoutés par Bruxelles

Pour rappel, Mobutu avait également engagé une longue épreuve de force avec les Belges depuis 1989. On en connaît le dénouement, au détriment de Kinshasa, malgré l'arrogance des Zaïrois  qui sont allés jusqu'à dépêcher à Bruxelles une délégation de haut rang composée de deux membres du Comité central du MPR, Mpinga Kasenda et Me Kamanda wa Kamanda, ainsi que du ministre Nimy Mayidika Ngimbi pour en découdre avec les Belges dans le désormais célèbre "débat de clarification", en 1989.

A contrario, aujourd'hui que les hommes de Joseph Kabila ont plutôt bâti une solide réputation sur la base du mensonge, hypothéquant tout crédit à leur égard, on voit mal comment ils pourront tenir tête là où pouvaient se le targuer ces mobutistes rompus dans les négociations et redoutés par Bruxelles.

Kinshasa a en effet axé sa défense en niant même ce qui ne peut être nié. Comme lorsque Lambert Mende défend au cours d'une émission télé que "personne n'a été tué lors de la marche des chrétiens" les 31 décembre 2017 et 21 janvier courant, alors que tout homme sensé est au courant du contraire et connaît même certains noms des victimes. Ou Thambwe Mwamba lors de la grande évasion à la prison de Makala et qui annonce le nombre de 58 détenus seulement qui se sont fait la belle, alors que Le Signal du Continent recevait en exclusivité un rapport des services pénitentiaires de Kinshasa dressant un bilan record de 4 191 prisonniers manquants (quatre mille cent nonante et un).

Avec cette nouvelle brouille inutile entre les deux capitales, Kinshasa vient une fois de plus de confirmer que "l'unique leçon que les hommes retiennent de l'Histoire, c'est qu'ils ne retiennent aucune leçon du tout".

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