Quel avenir pour le Congo, thème de la conférence du cardinal Monsengwo lundi au Palais des Congrès à Bruxelles

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 26 févr - "Quel avenir pour le Congo" est le thème proposé au cardinal Laurent Monsengwo Pasinya pour son intervention, lundi 25 février, dans le cadre des "Grandes conférences catholiques" organisées au Palais des congrès à Bruxelles.

D'emblée, l'archevêque émérite de Kinshasa à précisé qu'il a modifié son intitulé après des élections "volontairement bâclées et des résultats fabriqués" pour parler de "l'avenir du Congo après les fraudes électorales".

Pour lui, la question sur l'avenir de ce pays se pose de manière récurrente, chaque fois avec une réponse négative, depuis l'indépendance avec les événements qui ont suivi, ensuite à la prise du pouvoir par Mobutu avec une "dictature montante. 

La même question resurgit avec Mzee puis Joseph Kabila, avec des guerres fabriquées pour piller les ressources du Congo. 

Fayulu vainqueur des élections avec 62,11 % des suffrages

Aujourd'hui que la population a décidé , selon Monsengwo, d'en découdre avec le régime désastreux de Joseph Kabila, la Cenco qui avait aligné 40 000 observateurs à travers le pays, avait confié à la Ceci qu'elle connaissait le nom du vainqueur, grâce à des chiffres traçables.

Le cardinal congolais s'étonne que la Ceni annonce Félix Tshisekedi en tête devant Martin Fayulu, alors que d'après des "chiffres traçables", Fayulu obtient 62,11%, suivi d'Emmanuel Shadari avec 18,88% et Tshisekedi 16,93%.

Déjà avant la publication des résultats, souligne-t-il, des échos sur un arrangement Kabila-Tshisekedi avaient filtré, le président sortant ayant soignesoigneusement pris le soin de nommer une Cour constitutionnelle à sa botte, comme les secrétaires généraux de l'administration et, plus tard des diplomates de son obédience pour cadenasser aussi bien l'intérieur que l'extérieur.  

Pire, le candidat de la coalition de Kabila essuie une cuisante défaite à la présidentielle mais, curieusement, est déclarée gagnante aux législatives et aux provinciales, contredisant ainsi la volonté du peuple pour l'alternance. 

Alors quel avenir ?

Cette situation créée de toutes pièces réactive la crise de légitimité, au lieu de la juguler, et risque de ne pas résoudre non plus la crise sécuritaire, estime le cardinal Monsengwo. 

À son avis, dans cet État de droit que nous appelons de  nos voeux, la vérité et la justice constituent le socle de la réconciliation, nécessaire pour le développement intégral, vérité qui sous-tend la bonne gouvernance. 

Aujourd'hui, croit-il savoir, la crise de légitimité ôte la confiance de la population aux institutions et l'empêche de croire encore en la démocratie, alors que, à côté, de lourdes incertitudes pèsent sur la sécurité. 

En effet, a-t-il précisé, les élections sous Kabila ont toujours e émaillées de fraude. Comme en 2006 face à Bemba où les contestations se sont déroulées à l'arme lourde dans la capitale Kinshasa. Ou en 2011 où Étienne Tshisekedi l'avait emporté avant qu'on lui vole la victoire. J'avais alors prevenu: "Ces résultats ne sont conformes ni à la vérité, ni à la justice".

Cette fraude, une opprobe pour le Congo

Selon le cardinal, avec un tableau ainsi brossé, rien de bon ne peut advenir au Congo avec la continuité du régime de Kabila, qui refuse de partir et qui continue de diriger sous un masque, consacrant ainsi la série des "présidents, chance eloko pamba", sans cursus académique avéré.

Par ailleurs, souligne-t-il, la vaste fraude orchestrée par la Ceni et ses mentor est une opprobe pour un pays qui a connu des violences avant, pendant et après les élections, avec des morts bien identifiés comme Rossy Tshimanga et bien d'autres, ainsi que des déplacés intérieurs et extérieurs comme au Grand Kasai et au Bandundu. 

Néanmoins, le conférencier clôture sur une note d'espoir,  celui d'une jeunesse qui a bénéficié d'un long processus de formation citoyenne. "L'oeuvre de l'éducation civique engagée par l'Église catholique porte déjà ses fruits de l'espoir", sest réjoui le prélat catholique.

Mais il a stigmatisé l'hypocrisie de la Communauté internationale à travers l'incompréhensible indifférence de la Monusco face à une tricherie hautement scandaleuse, en n'appuyant aucune démarche citoyenne de revendication.

Il a enfin prévenu que l'attitude pacifique observée par la population n'est nullement une résignation passive, mais plutôt une preuve de maturité civique et politique acquise à la suite du processus d'éducation civique initiée par la Cenco.

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