L'après-Covid-19 : Un monde à réinventer

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Une chronique de Lolo Luasu B.

Kinshasa, 1er mai - Une anecdote devenue virale raconte comment tout a commencé. Un jour de décembre 2019, dans la ville chinoise de Wuhan, un citoyen chinois, bien de sa personne, court sur patte, barbichette bien taillée et moustache au vent, décide que pour son bien-être personnel et pour que sa journée soit une réussite, il doit manger du pangolin.

Une fois rassasié et fier de sa personne, il part en divagation dans les rues de la ville, racontant sur son sillage sa bonne fortune du jour. Deux semaines après, c'est la ville entière qui était obligée de se laver les mains ...

Un lavage des mains compulsif et frénétique décrété par les autorités pour un virus inconnu, contre les habitants de toute une ville, ensuite contre les milliards de citoyens de tout un pays qui, eux, n'avaient pas goûté au pangolin du tout.

Puis, toujours sur ordre des autorités, tout le monde s'est mis à porter des masques. Les gens sont ensuite obligés de se confiner et de déserter les rues comme les postes de travail. Le spectacle est enfin complété par des malades qui affluent dans les hôpitaux mais aussi des morts, trop nombreux pour susciter de la compassion, juste de simples statistiques que des porte-parole attitrés égrènent chaque jour dans les médias. Tout ça pour un individu mal inspiré voulant se faire plaisir en mangeant du pangolin.

Du rire aux larmes

Pendant ce temps, dans le reste du monde, plus précisément en Occident, les spécialistes comptaient les coups assénés au géant chinois, en prédisant pour certains la chute prochaine du dragon jaune dont l'insolente réussite économique et financière faisait envie.

Et puis patatras ! Le monde occidental lui-même s'est mis à tousser. Ses citoyens sont eux aussi gagnés par le lavage frénétique des mains, avant de déserter les espaces publics. Alors que la Chine, de son côté, par un tour de passe-passe dont elle est coutumière, avait mis fin, par on ne sait quel tour de magie, à une pandemie dont on dit qu'il n'existe aucun remède.

Prise de court, l'Europe a vite perdu la tête. Ou plutôt ne savait plus où donner de la tête. Les dirigeants, complètement dépassés par un scénario qu'aucun ordinateur n'avait prevu ni imaginé, n'ont plus eu qu'une seule alterative devant leurs opinions publiques paniquées, à savoir : improviser. Une tactique que les Congolais maîtrisent bien et qu'ils appellent "ezui-ezui".

Les Occidentaux ont fermé les frontières, confiné les populations, recommandé le port du masque, fermé les usines et actionné la planche à billets pour endiguer la descente aux enfers de leurs économies. Mais rien n'y faisait.

Les structures sanitaires - les meilleures du monde -, nous sérinaient leurs médias, sont vite débordées, tandis que les cimetières commencent à refuser du monde, poussant les autorités à recourir à des incinérations systématiques des cadavres, loin de leurs familles.

Dans ce sauve-qui-peut, des gouvernements sont allés jusqu'à se voler mutuellement des cargaisons dans des aéroports chinois, exactement comme des vulgaires chiffoniers.

Aux États-Unis, le Président neo-conservateur, qui vise une seconde victoire électorale cette année, a vu ses certitudes ébranlées par une pandémie qu'il avait eu l'imprudence de minimiser. Jusqu'à ce qu'il voit ses concitoyens mourir chaque jour par wagons entiers, alors que des dizaines de millions d'autres sont réduits au chômage. 

Dans la peur panique qui semble l'habiter désormais, il s'accroche dorénavant à toutes les rumeurs sur un médicament miracle contre le fléau. Il va bienjusqu'à préconiser la prise des désinfectants pour tuer le virus rebelle, ou l'injection des rayons laser afin d'anéantir toute velléité de survie à un virus qui l'empêche de se faire réélire en boucle.

Après le virus, la grande inconnue

Faute d'avoir une traçabilité rationnelle sur l'évolution future du Covid-19, les Occidentaux misent sur le fait rassurant que toute trajectoire dans l'espace a une phase ascendante et une autre nécessairement descendante. Mus par le sort favorable des pays chauds, jusque-là moins touchés par la pandémie, ils en sont à souhaiter vivement l'arrivée de l'été pour se sortir de ce cauchemar.

De même, il y va de l'avenir de toute une civilisation, dite occidentale, et d'un mode de vie fondé sur des valeurs dites démocratiques, ainsi que des modes de création des richesses qui risquent de disparaitre au sortir, encore hypothétique, de cette pandémie. 

Des usines ont fermé leurs portes, des avions cloués au sol, des bateaux amarrés aux ports. Tout cela aura un coût énorme le moment venu. Des entreprises et des banques feront faillite, les Etats surendettés et des millions des personnes appauvris, tandis que les pauvres eux-mêmes passeront à la trappe.

Mais surtout, il n'échappera de la tête de personne que tout ce grabuge a commencé en Chine, par un fait délibéré ou non des autorités chinoises.

Tout le monde voudra donc demander des comptes à la Chine, et cherchera à savoir comment ce pays, qui a généré un chaos mondial, est devenu curieusement le grand bénéficiaire du même cataclysme. 

Acteur massif ou pas, la Chine devra se mettre face au jury implacable de l'Occident et répondre à des questions. Et si des charges sont retenues contre elle, dire comment elle compte réparer et, au pire, passer à l'amende. En tout cas, du côté de l'Occident, tout semble indiquer que personne n'est prêt à passer l'éponge sur cette histoire de vrai ou faux pangolin.

Et l'Afrique dans ce décor ?

La pandémie du Corvid-19 aura finalement mis à nu les limites de la médecine occidentale, jusque là omnipotente et détentrice du monopole des voies de guérison.

En effet, comme qui dirait faire contre mauvaise fortune bon coeur, le ballet des corbillards à travers l'Europe et les États-Unis, face à une médecine incapable de sauver des millions de vies, a fini par conforter les chercheurs africains à retrouver foi en la pharmacopée africaine, longtemps dédaignée et confinée aux rôles de médecine des pauvres. 

Le courage de Madagascar, qui a lancé officiellement son médicament miracle Covid Organics, sans se soucier de l'aval d'un Occident régi par la dictature des multinationales pharmaceutiques, devrait faire école. En RDC, des similaires existent aussi, dont le Manacovid.

Les formations médicales, qui sont des laisser pour compte dans les budgets nationaux, devraient également profiter de l'épidémie. Car celle-ci n'épargne personne, ni même les plus puissants qui, dans leur bêtise habituelle, se précipitaient dans les pays développés pour des soins, en fuyant leurs propres hôpitaux.

Par ailleurs, la débâcle des grandes économies traditionnelles, mises à genoux par la pandémie, devrait tempérer les ardeurs des politiciens du continent à piocher dans les caisses de l'État, en vue d'une plus grande orthodoxie dans la gestion de la chose publique.

Le Covid-19 nous aura aussi appris à repenser notre mode de vie, pour une plus grande solidarité, alors que, de leur côté, les nations doivent constamment chercher à disposer de réserves stratégiques dans tous les domaines, afin de parer en toute responsabilité aux imprévus de toute nature.

 

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