L'ouvrage « Kasa-Vubu : Biographie d'une indépendance », une mine d'or sur le leadership naturel du premier président congolais
Bruxelles, 4 mai - Mme Justine Mpoyo Kasa-Vubu vient de publier un ouvrage intitulé « Kasa-Vubu : Biographie d'une indépendance » qui explore diverses archives inédites et éclaire sur le parcours ayant conduit le premier président congolais à son leadership politique charismatique.
L'auteur, dans un style qui allie panache et rigueur historique, déclare avoir été guidée par le contexte politique actuel à Kinshasa, notamment la quête de la souveraineté nationale, pour retracer les prémisses d'un nationalisme combattant doublé d'un esprit fédérateur dans le caractère dominant qui a marqué le parcours de Joseph Kasa-Vubu.
L'ouvrage, sorti à Bruxelles aux Éditions Samsa, à l'occasion des 60 ans de l'indépendance du Congo, aborde l'enfance du président congolais qui, très tôt, est sélectionné par le colon pour être scolarisé et qui n'a cessé de briller jusqu'au Petit séminaire de Mbata-Kiela, dans le Mayumbe au Kongo Central, et au Grand séminaire de Kabwe, près de Luluabourg, Kananga, au Kasai.
Après un parcours professionnel assez tortueux d'enseignant dans sa province natale, où son esprit critique et d'indépendance feront de lui presqu'un paria en cette période où le colon est le maître incontesté, c'est à Kinshasa qu'il va s'émanciper pleinement.
Grâce à sa distinction à un examen de l'administration, il est affecté aux finances des magasins généraux, dans la capitale congolaise. Il se marie en 1941 mais aussi intègre différentes associations culturelles et d'intérêt congolais.
Mais c'est l'année 1946 qui marque le véritable tournant de la vie de Joseph Kasa-Vubu, lorsqu'il tient une conférence, devant la crème de l'intelligentsia congolaise et des administrateurs coloniaux, sur le thème tout aussi audacieux du «Droit du premier occupant », dans lequel il s'insurge contre la perte de souveraineté face aux colons et aux entreprises qui confisquent les terres et privent ainsi les ayants-droits naturels de leur gestion intemporelle.
Ses idées novatrices mais aussi son esprit fédérateur vont le propulser à la tête du mouvement culturel kongo, l'Abako, qu'il transforme en parti politique afin de mieux asseoir ses velléités d'émancipation et d'indépendance.
Bien qu'il soit combattu par le colon, qui va chercher à l'affaiblir en créant le MNC, d'abord Mouvement national catholique puis Mouvement national congolais, le destin de ce leader, à cette époque d'éveil des consciences, était tout tracé.
Le récit renferme autant d'anecdotes, de témoignages et de révélations de premier ordre sur le rôle de Joseph Kasa-Vubu comme véritable père de l'indépendance, sur l'arbitrage joué par cet éminent personnage en 1960 dans le dangereux conflit tribal au Kasai entre le Mulopwe Kalonji et le chef coutumier Kalamba, mais aussi sur l'épisode désormais célèbre où il ristourne l'argent au Trésor et, pour l'une des rares occasions, sur la vie intime de son épouse, Mama Hortense, qui n'utilisera jamais de voiture officielle.
L'ouvrage revient également sur la géopolitique du moment, qui va planer sur les soubresauts de l'époque, le rôle de la Belgique et de la presse belge, les différentes rencontres des pères de l'indépendance et la mise en place des institutions, avant de s'étendre sur les injustices, les brimades et l'arbitraire subis par le premier président à partir du 25 novembre 1965 à son éviction, jusqu'à sa mort en 1969.
À cet égard, l'ouvrage, que l'auteur aborde sous la forme dune biographie romancée, est essentiel pour la compréhension du Congo actuel et des pesanteurs encore présentes aujourd'hui sur l'échiquier tant national qu'international.
Justine Mpoyo Kasa-Vubu, sociologue diplômée de l'Université catholique de Louvain, en Belgique, est une fille du premier président congolais. Elle a été Secrétaire national de l'UDPS aux Relations extérieures, avant de devenir ministre de la Fonction publique, Emploi et Prévoyance sociale en mai 1997, puis ambassadeur au Benelux et à l'Union européenne en septembre de la même année.
La page couverture de l'ouvrage