Le nouveau gouvernement congolais : Quel visage ?
EDITORIAL
Quel visage pour le nouveau gouvernement congolais ?
Le président congolais est rentré samedi de New York où il a assisté à la 62ème Assemblée générale des Nations Unies. Si, comme aux Olympiades, l’essentiel est de participer, l’attention s’est vite focalisée sur le remaniement du gouvernement Gizenga, dont le remodelage avait été annoncé deux semaines plus tôt. D’aucuns diront que c’est du pareil au même, tant l’Exécutif dirigé par le patriarche du Palu, 82 ans au 2 octobre, a plutôt brillé par une assourdissante inefficacité, marquée par des missions intempestives à l’extérieur sans retombées visibles sinon les devises fortes empochées par les ministres. Alors qu’au pays, les fonctionnaires débrayaient à tour de rôle, question de forcer le Gouvernement à exécuter un barème de Mbudi qu’il avait lui-même paraphé.
Selon les indiscrétions, le Premier ministre ne devrait pas perdre son portefeuille. Au contraire, la taille éléphantesque de cet Exécutif stérile devrait être sensiblement restreinte. Des sources avancent que de 60 membres, il serait ramené à 40 ministres et vice-ministres. Soit une réduction de 35%. Ce qui n’est pas en soi un scoop, car tout homme sensé était rebuté par le jeu auquel s’était livré Gizenga I, voulant satisfaire les appétits du plus grand nombre et se mettre à dos le moins d’aigris possible. La politique, on le sait, étant la manière la plus aisée d’enrichissement dans ce pays.
N’auront donc pas de vieux os ces portefeuilles dédoublés comme ceux de l’Énergie d’un côté et des Hydrocarbures de l’autre, des Finances face au Budget, des Affaires Humanitaires, des Affaires Sociales, des Droits Humains et de la Condition Féminine pour quatre bénéficiaires, de la Recherche Scientifique ainsi que de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, du Développement Rural, de l’Environnement et de l’Agriculture, pour ne citer que ceux-là.
Les indiscrétions révèlent également qu’en dehors de la cure d’amaigrissement qui frappera l’Exécutif, l’efficacité des membres sera un autre mot-clé. Et sur ce registre, des bruits en provenance de la présidence de la République indiquent que « très peu de ministres ont prouvé leur utilité » et que « près de 80 % d’entre eux devraient être remerciés ».
Ainsi, lorsque l’on sait que Joseph Kabila avait sacrifié une bonne partie de ses fidèles à l’autel des alliances, souvent contre nature sinon superflues, avec Gizenga et Nzanga Mobutu, question de faire bonne figure après le coup de main obtenu pour barrer la route à Jean-Pierre Bemba, ceux qui ne sont pas réputés parmi les fidèles du président sont certainement en train de frissonner, s’ils ne consultent pas déjà les marabouts afin de conserver le poste.
Néanmoins, une autres priorité, après le passage calamiteux du président en Belgique, devra certainement concerner les postes diplomatiques qui, à croire le vice-ministre des Affaires étrangères lors de son récent séjour bruxellois, devraient enfin revenir aux professionnels. De même qu’il faudra normaliser la situation des fonctionnaires à l’étranger, qui accusent parfois des arriérés de salaires d’un niveau dépassant tout entendement.
Joseph Kabila devrait aussi poursuivre sur sa lancée et continuer à ameuter les investisseurs, ragaillardi par les 8 milliards promis par les Chinois, la Banque mondiale, comme aussi les Emiratis. Les Belges, apeurés de perdre leur monopole en RDC, devraient rapidement emboîter les pas si l’on en croit leur ministère des Affaires étrangères.
La relance dont rêve le président congolais passera aussi par la fin rapide de la crise militaire du Nord Kivu et l’écrasement de la fronde menée par le général déchu Laurent Nkundabatware, auquel un ultimatum de 21 jours est lancé. Alors qu’au niveau purement politique, l’on devrait sûrement assister au retour de Jean-Pierre Bemba, en vue d’une situation réellement apaisée.
Cornelis Nlandu-Tsasa
Rédacteur en chef