ÉDITORIAL : Urgence d’un sursaut pour refonder l’Etat

Publié le par Cornelis Nlandu-Tsasa

 
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ÉDITORIAL
 
Urgence d’un sursaut pour refonder l’Etat
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 La République démocratique du Congo n’a jamais été aussi loin dans sa propre mise à nu en tant que maillon faible, même face aux nations les plus faibles. Elle en a encore fourni la démonstration il y a peu à Nairobi, où sa diplomatie a affiché un curieux complexe, alors qu’il s’agissait là de démêler l’écheveau de l’heure : la paix et la sécurité dans l’Est.
En effet, il n’est plus un secret que le Nord-Kivu constitue l’épine dans l’effort que la RDC se débrouille à développer en vue de son décollage. De même qu’il focalise les attentions depuis l’installation dans cette province d’une représentation des Etats-Unis, sans statut précis ni mission avouée, en bafouant le sacro-saint principe de réciprocité, suscitant à la même occasion des spéculations dans les sens les plus divers .
Les résolutions en trompe-l’œil ayant sanctionné les assises sont à la mesure de la déficience qu’affiche la RDC, se contentant en réalité de caresser Kigali dans le sens du poil, en souscrivant à la seule vraie décision : la neutralisation des éléments des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), longtemps considérés comme l’alibi pour l’invasion éhontée de la RDC par le petit Rwanda et l’Ouganda. Une agression que le Congo de Kabila (père) avait d'ailleurs longtemps peiné à faire avaliser par une Communauté internationale débitrice de Kigali post-génocide.
L’amateurisme des canaux diplomatiques ainsi que l’inexistence des outils de communication peu professionnalisés y ont été pour beaucoup. Mais, malgré toutes les mises en garde des observateurs intéressés, la donne ne s’est jamais inversée. Au contraire. La résolution à sens unique dans ce marché des dupes répond à l’exigence du partenaire, face à un Congo apeuré, qui n’ose ou n’est pas capable, d’élever une argumentation adéquate afin d’arracher, à son tour, une résolution à la hauteur de ses attentes les plus légitimes.
Au moment où, non seulement le dissident et criminel Laurent Nkundabatware est quasiment oublié, ou épargné, mais aussi qu’à son mouvement se greffent des troupes recrutées en masse à Kigali. En clair, pour ceux qui ont l’esprit un peu dur, Kigali finit par gagner double. D’un côté les FDLR seront neutralisées et de l’autre, grâce au recrutement opéré par Nkunda, une bonne partie de son excédent de population finit par passer définitivement en RDC, où elle acquerra automatiquement la nationalité congolaise grâce au miracle du brassage et réinsertion, qui échappent aux services d’état civil. En somme, une véritable bombe en perspective, dans la poudrière de l’Est déjà en ébullition.
Alors que certains cercles ont l’œil rivé sur les intégrations régionales, la diplomatie congolaise traînaille au stade des balbutiements, incapable d’anticiper notamment en brandissant la question des sept (7) années de présence-gestion rwandaise et ougandaise sur une bonne portion du territoire (1996-2003), pendant lesquelles Kigali et Kampala, à la place de traquer les mêmes FDLR, l’alibi, ont plutôt excellé à piller comme de vulgaires corsaires, jusqu’à se canarder mutuellement à Kisangani en 2000 avec, en prime, 2.000 morts parmi la population civile. Est-ce déjà passé par pertes et profits ?
Inutile certainement, au regard de cette faiblesse devenue incurable, de s’éterniser sur l’insignifiance criante du Budget 2008. Car même la presse habituée aux analyses prépayées, qui ne servent d’ailleurs aucun intérêt sinon à conforter les bénéficiaires à persévérer dans l’erreur, émet un doute quant à sa capacité à assouvir les ambitions sociales longtemps contenues des masses laborieuses, que les différents débrayages balancent à la face du gouvernement. De même que cette presse juge ce budget « dérisoire » au regard du coût des travaux pharaoniques que requièrent les fameux « cinq chantiers ». L’immixtion colonialiste du FMI dans la fixation de la loi financière en a décidé ainsi, après l’avoir charcutée d’une « main visible » à l’œil nu.
Ainsi, en plein 21ème siècle et 47 ans après son indépendance, la RDC demeure l’un des rares pays du Sud encore incapable d’affirmer son autorité, s’obstinant à figurer en dindon de la farce dans les tribunes internationales, jusqu’à hypothéquer sa propre survie dans un univers résolument tourné vers la mondialisation.
Devant des signes qui n’augurent rien de positif, l’urgence s’impose quant à un sursaut des personnalités responsables, capables de baliser la voie en vue de la réfondation de l’Etat sur des bases solides. Au cas contraire, la RDC passera à côté de son destin.
 
Cornelis Nlandu-Tsasa
Rédacteur en chef
 
Lundi 26 novembre 2007
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