RDC : Le Ministre des Finances explique les mécanismes pour gérer le flux de capitaux

Publié le par Cornelis Nlandu-Tsasa



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RDC

INTERVIEW : Le Ministre des Finances explique les mécanismes pour gérer le flux de capitaux attendus
 
Le ministre MATENDA, peu avant le début des travaux 
PICT0001.JPGBruxelles - Le pays du Groupe ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) ont tenu leur 8ème réunion des Ministres et Ordonnateurs nationaux et régionaux, les mercredi 30 et jeudi 31 janvier 2008 à Bruxelles. La République démocratique du Congo a été représentée à ces assises par son ministre des Finances, M. Athanase Matenda Kyelu, que nous avons rencontré à l’issue des travaux, peu avant son retour à Kinshasa le week-end dernier.
Nous avons débattu avec notre invité des questions relatives aux 40 % que réclament les Provinces pour leur propre développement, de la pertinence de « l’aide au développement » alors que l’Afrique peut bien décoller sur fonds propres, mais aussi de la problématique posée par le trop plein de capitaux qui déferlent sur le continent en général et sur la RDC en particulier ainsi que des mécanismes mis en place en vue de leur gestion.
 

Ci-après l’intégralité de l’interview recueillie par notre Rédacteur en chef, Cornelis Nlandu :

 
- Le Signal du Continent : Excellence, quel sens accordez-vous à ces assises ?
 
- Le ministre MATENDA KYELU : J’ai fait le déplacement en tant que représentant de la République démocratique du Congo à la réunion qui s’est tenue dans le cadre des ACP-UE, beaucoup plus en prévision de la mise en œuvre du 10ème FED. Plusieurs questions ont fait l’objet des discussions, parmi lesquelles celle relative à l’harmonisation des directives et des procédures de passation des marchés, aux appuis budgétaires ainsi qu’aux rôles des acteurs non-étatiques dans les pays ACP.
 
L’efficacité de l’aide appréciée selon le degré de développement
 
- Au cours des travaux, la question de « l’efficacité de l’aide » a survolé les débats. Que répondez-vous à ceux qui estiment que nos pays devraient plutôt privilégier les fonds propres ?

 L'Ambassadeur Corneille YAMBU aux ACP, à côté du Ministre PICT0007.JPG PICT0011.JPG
  
                                                                                                                 Une vue de l'assistance, aux ACP

- C’est une question qui est restée comme le point focal de cette réunion. Déjà en 2005 à Paris, la question de l’efficacité de l’aide au développement avait été évoquée avec plusieurs conditionnalités. Naturellement, les bailleurs des fonds la considèrent comme étant la capacité d’un pays à résorber les différentes ressources mises à sa disposition dans les projets de développement.     
Pour nous, au niveau des pays du Groupe ACP, particulièrement la RDC, nous pensons que ce n’est pas suffisant. Encore faut-il que ces dettes puissent effectivement contribuer aux objectifs qui sont poursuivis par nos pays. Des objectifs qui sont régulièrement appréciés à travers certains indicateurs, dont le plus important est celui communément appelé IDH, c’est-à-dire l’Indice de développement humain, publié par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD).
La question est donc revenue plusieurs fois. Nous sommes convaincu qu’au-delà de la simple capacité d’absorber les ressources, le jugement devrait porter sur la capacité d’un pays à faire face aux services sociaux de base, notamment la résolution des questions relatives à la santé, à l’éducation, à l’assainissement, bref la lutte contre la pauvreté.
 
- Vous avez été à Paris en novembre dernier à l’occasion de la réunion du Groupe consultatif pour la RDC. Que pouvons-nous retenir de cette rencontre ?
 
- Les assises de Paris ont été pour la RDC une opportunité pour pouvoir communiquer aux bailleurs des fonds les efforts, sur plusieurs composantes, qui ont été déployés depuis l’avènement du Président de la République, j’ai cité M. Joseph Kabila. D’abord la composante sécurité-pacification. Egalement, pour ce qui intéresse les bailleurs des fonds, les efforts déployés dans le sens de la stabilisation du cadre macro-économique. Et nous avons apporté à Paris un message fort, qui a eu également une réponse forte, dans ce sens que les bailleurs des fonds ont exprimé leurs intentions d’accompagner la RDC dans le financement de son programme de développement en raison de 4 milliards de dollars, pratiquement 75 % constitués de ressources neuves.
PICT0006.JPGLa leçon à tirer, c’est que nous avons pu dresser une évaluation des différents groupes consultatifs qui avaient précédé et sommes arrivés à la conclusion qu’il y avait une faiblesse quant à l’absorption ou à l’utilisation des ressources mises à disposition. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place, de commun accord avec les bailleurs, un mécanicisme de coordination à travers des groupes thématiques, qui vont désormais suivre les différents programmes mis en place avec ces pays, et ainsi régulièrement faire une évaluation, dont la première interviendra au mois de mai ou juin 2008.

Nzuzi MANOKA et Serge MBENZA, de l'Ambassade de la RDC à Bruxelles près l'Union Européenne, entourant une collaboratrice du ministre. Le Conseiller José SELE, également de la mission, est absent de cette photo.

Les mécanismes pour gérer le flux des capitaux attendus
 
- La situation relative à l’afflux des capitaux peut être considérée comme une expérience nouvelle pour la RDC. Quels sont les mécanismes que vous avez mis en place pour la résorption de ces capitaux ? 
 
- Comme je l’ai indiqué, à Paris nous avons publié une déclaration conjointe avec les bailleurs des fonds, qui consiste d’abord à assurer une coordination des différentes aides. De deux, nous avons mis en place des groupes thématiques - nous en aurons 15 au total, correspondant aux différents secteurs, c’est-à-dire les ministères, qui auront à présider ces thématiques et en faire une évaluation en plein parcours.
Contrairement à ce qui s’est passé après les Groupes consultatifs qui ont précédé, nous serons à même d’identifier l’origine des ressources, la nature des projets à financer, s’il s’agit d’un appui budgétaire ou d’un financement de projet. Ensuite, au fur et à mesure de l’évaluation, nous aurons chaque fois à nous arrêter pour faire le point des niveaux de décaissement, des difficultés rencontrées et faire des propositions quant aux corrections à y apporter.
Quant aux finalités, c’est que la RDC doit effectivement pouvoir répondre aux préoccupations de sa population, qui a fait confiances aux institutions et aux membres du gouvernement en les élisant. Et la meilleure réponse sera donnée à travers des projets visibles et durables. Nous ne pouvons y parvenir qu’en nous mettant ensemble avec les bailleurs des fonds à travers une coordination claire. Ce sont là les mécanismes que nous avons mis en place.
 
- Vous savez, Monsieur le ministre, que la RDC, mais aussi l’Afrique toute entière, n’a jamais été aussi courtisée que maintenant. Quel avantage peut-elle tirer de cette situation ?
 
- La question est pertinente. Je crois qu’il y a des avantages mais aussi des inconvénients. En ce qui concerne d’abord les avantages pour emprunter votre terme, en étant courtisé, c’est que véritablement il y a des potentialités qui s’expriment et qui nécessitent que les différents intervenants ou les différents partenaires puissent accompagner la RDC dans son programme de développement.
Parmi les inconvénients, je dirai qu’il convient de faire attention, parce que les défis sont multiples. L’un des défis majeurs concerne les infrastructures de base. Entendues de manière générale, ce sont les routes, les ports, les aéroports, les infrastructures sanitaires, scolaires et autres. Il faut reconstruire et pour ce faire, nous avons besoin de ressources importantes et de longue durée. C’est la raison pour laquelle la RDC dans sa politique d’ouverture, au même moment qu’elle conduit sa politique vis-à-vis des institutions internationales classiques et traditionnelles, essaie de recourir à des ressources d’autres origines auprès de certains pays émergents, en vue de répondre à ces défis majeurs pour lesquels elle a besoin de ressources importantes.
Il faut donc une démarche prudente. C’est pourquoi nous avons également cette préoccupation d’atteindre le point d’achèvement PTE. Ce statut nous permettra de bénéficier des allègements de la dette, de manière que pour l’avenir nous puissions évoluer avec une politique qui nous permette, dans l’hypothèse où nous recourrons à d’autres endettements, de tenir compte de la soutenabilité de la dette et être capables non seulement de s’endetter mais également de rembourser par des moyens propres.
 
- Le Budget de l’Etat pour l’année 2008 a été promulgué. Qu’en est-il des 40 % que les provinces réclament à l’Etat pour assurer leur propre développement ? Et quel est votre point de vue sur la question ?
 
- Vous l’avez dit, non seulement le Budget de l’Etat a été adopté par le Parlement, mais également il a été promulgué par le Président de la République. C’est dire que je n’ai plus de point de vue personnel sur la matière. Tous les avis qui ont été développés découlent de la conséquence selon laquelle il s’agit d’une loi aujourd’hui opposable à tous. Qu’en est-il des 40 % dus aux provinces ? Ce que je peux juste dire est qu’au fur et à mesure que les mécanismes de la décentralisation seront mis en route, on pourra évoluer vers cette procédure.


Propos recueillis par Cornelis Nlandu-Tsasa, pour Le Signal du Continent, l'ACP et la RTNC

 
 

 

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