Grâce présidentielle : La libération de deux condamnés pour détournement de deniers publics crée polémique

Publié le par Jean-Cornelis Nlandu-Tsasa

Bruxelles, 11 janvier - La grâce présidentielle accordée à 23 détenus, le 31 décembre 2020, dont les condamnés dans le procès de Mzee Laurent-Désiré Kabila, parmi lesquels son aide de camp Eddy Kapend, a été unanimement saluée par la population congolaise.

Si le conel Kapend comme ses compagnons d'infortune sont finalement sortis de prison le vendredi 8 janvier après 19 ans de bagne, c'est plutôt la libération, dans la foulée, des Directeurs généraux de l’OVD et de la SOCOC, condamnés en juin 2020 respectivement à 5 et 2 ans et demie pour détournement de deniers publics, qui pose problème.

Le Directeur général de l’Office des Voiries et Drainage (OVD), Benjamin Wenga, et celui de la Société congolaise de Construction (SOCOC), Modeste Makabuza, qui ne figuraient pourtant pas sur la liste des prévenus graciés, se sont miraculeusement retrouvés hors de la Prison de Makala, où ils étaient écroués pour détournement de 12 millions de dollars destinés à la construction de routes à Goma et à Matadi.

Les auteurs de cette libération doivent répondre devant la Justice, selon Me Kapiamba

Pour Me Georges Kapiamba de l’Association congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), cité par Politico.cd, il faut que les acteurs derrière cette libération “frauduleuse” soient traduits en justice.

Me Kapiamba explique que « les condamnés pour des faits de détournement des deniers publics et corruption sont exclus du bénéfice de la grâce aux de l'article 5 de l'ordonnance » prise en la matière.

À son avis, « une telle décision judiciaire les ayant condamnés interdit expressément de leur octroyer la remise de peine comme la libération conditionnelle jusqu’à l’épuisement de leurs peines respectivement », écrit Politico.cd.

Cependant, poursuit la source, au regard de cette situation qu’il juge extrêmement grave et qui jette un discrédit à la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, prônée par le président de la République Félix Tshisekedi, Me Kapiamba demande que les deux directeurs généraux soient retournés en prison et qu’une enquête judiciaire soit diligentée pour identifier ceux qui ont participé à cette fraude et qu’ils soient déférés devant la Justice.

Le vice-ministre UDPS Bernard Takaishe nommément cité

Plusieurs sources citent nommément le vice-ministre de la Justice, l'UDPS Bernard Takaishe, comme principal instigateur de cette «libération frauduleuse». Les mêmes sources signalent que celui-ci n'est pas à sa première tentative et qu'il se reprocherait des choses dans l'affaire de malversations et détournement de fonds dans l'affaire du Programme des 100 jours ayant conduit plusieurs personnalités en prison.

Le programme d'urgence du chef de l'État Félix Tshisekedi avait mobilisé 497 millions de dollars, dont de 55 à 66 millions pour les seuls sauts de mouton et maisons préfabriquées, qui ont défrayé la chronique et impliqué une dizaine de personnes dont le directeur de cabinet du président, Vital Kamerhe, et le Libanais Sammy Jamal de Samibo, depuis en prison pour malversation et blanchiment de capitaux.

JCN

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